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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Le poète et la jeune femme

(note publiée le 3 juin 2020)
Le temps... Thème éternel (c'est le cas de le dire !) de l'inspiration poétique, rebattu, ressassé mais encore et toujours remis sur le métier, vingt fois comme disait Boileau ou cent fois comme disent les rustres qui citent à tort et à travers – de travers plutôt.

J'ai bien sûr apporté ma contribution, fut-elle modeste, à ce grand œuvre collectif. Témoins, entre autres, À celle qui m'a croisé en souriant (dernier quatrain) : Vous aurais-je tant plu ? D'ailleurs, quelle importance ?
Ce gracieux moment m'aura réconforté
Quand ce n'est déjà plus, demoiselle en partance,
Qu'un souvenir charmant que je veux emporter.
Ou le haïku 188 (série VIII) : Et sur ma photo
La trapéziste en plein vol
Figée à jamais.
Figer le temps Et d'autres, que le visiteur croisera peut-être au gré de son errance dans les Poésies de mon cœur.

Tiens, à propos de photo (je fus longtemps photographe, occupé à figer le temps), puis-je vous proposer cette image (ci-contre à droite) ?

Cette image, intitulée « Poète déclamant ses vers dans une librairie » est extraite du livre « L'U.R.S.S., un portrait en couleurs » (p. 118 ; éditions Odé, octobre 1960). On y voit en effet un poète, debout (sur une chaise ?), en pleine action face à un public attentif d'amateurs de poésie. Observez comme le poète est en train de prononcer un mot. Mais quel mot ? Pour moi, tout le charme est là : nul ne saura jamais ce que le poète disait à l'instant précis ou l'opérateur a appuyé sur le petit bouton. Et comme un peu de lyrisme ne saurait nuire, je dis : camarade poète, je te salue par-delà les (ex-)frontières de la Russie soviétique – par-delà le temps aussi, qui a passé. Témoins de cette scène, qu'êtes-vous devenus ?

Regardez les participant(e)s ; tous ont la tête tournée vers le poète, un sourit, une donne aussi cette impression malgré qu'elle est de dos... Et une semble regarder le photographe. La voyez-vous ?
Figer le temps
En voici une autre. Début avril 1977, j'ai eu l'opportunité de faire le voyage jusqu'à Moscou et Léningrad (jadis nom de Saint-Pétersbourg). J'ai pris la deuxième photo (ci-contre à gauche) sur la Place Rouge. Il y a foule, les gens semblent pressés et en tout cas, tous sont indifférents au touriste venu de l'Ouest qui prend une photo. Tous sauf une, cette jeune personne au foulard qui me fixe attentivement (et à l'exception peut-être de quelques autres au second plan, mais c'est moins visible). Qu'est-il advenu de cette jeune femme ? Quelle était sa vie avant le moment où j'ai pris cette image ? Quelle après ? Oh, je ne prétends pas par-là que cette rencontre fugitive a changé quoi que ce soit à son existence, non... Mais rien n'est dû au hasard. Puis c'est un peu le lot des poètes d'avoir l'imagination fertile – et la sensibilité exacerbée. Lisez (ou relisez) Les deux verres, vous comprendrez à quoi je fais allusion !

Reste, pour un poète, le plus difficile, également le plus excitant : mettre des mots, des vers, du rythme et des rimes sur un moment du passé figé à jamais sur la pellicule. La muse d'un poète en activité ne saurait d'ailleurs le laisser longtemps dans l'embarras et le poème inspiré par cette rencontre aussi fugitive que lointaine, maintenant que nous sommes en 2020, est en cours d'écriture (¹).

Et qui sait ? Si vous passez par ce site, vous qui m'avez lancé un regard en avril 1977, écrivez-moi !

(¹) Il s'agit bien d'un poème inspiré par cette rencontre ; de fait, la jeune femme de la photo, foulard blanc et manteau bleu, porte un manteau blanc dans ce poème (et nulle mention de foulard) et la scène se passe en mai. J'ai mis aussi, dans le regard de cette jeune femme, un « air rebelle » qu'elle ne semble pas posséder sur la photo (ce serait plutôt de la curiosité, qu'en dites-vous ? Quoi que...). Qu'importe, pour moi, il n'était que de traiter le thème de la découverte, sur une image oubliée, d'un instant passé inaperçu sur le coup – et même longtemps après.

Note du 8 avril 2021 : le poème évoqué ci-dessus est écrit ; il est lisible ICI. Le lecteur pourra comparer, à titre de curiosité, l'image originale prise par l'auteur (visible ci-dessus à gauche) et celle figurant en tête du poème.