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POÉSIES DE MON CŒUR (i)

Pauvre Coppée !

(note publiée le 23 janvier 2025)
« François Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris et mort le 23 mai 1908 dans la même ville, est un poète, dramaturge et romancier français. » nous dit Wikipédia.

« Coppée, poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles (...) rencontra un grand succès populaire. » poursuit l'encyclopédie en ligne. Alors, pourquoi « Pauvre Coppée » ?
Pauvre Coppée
Toute médaille a son revers. Si Coppée fut ce poète populaire de la fin du XIXe siècle, il fut aussi la tête de Turc de certains de ses contemporains, d'autres poètes essentiellement, prompts à lui reprocher son côté mièvre et petit bourgeois. Les fameux zutistes (Verlaine, Rimbaud, Germain Nouveau et quelques autres) ont multiplié les attaques contre François Coppée, notamment en parodiant, de façon plutôt hilarante et donc réussie, plusieurs de ses poèmes, reprenant à leur compte certains vers pour mieux les détourner.
Pauvre Coppée
Je ne veux pas dans cette note développer les reproches qu'on a pu faire à Coppée sur sa façon de vivre (il était qualifié d'inverti pas ses détracteurs ; selon Wikipédia, il rejoignit la section la plus exaltée du mouvement nationaliste, en même temps qu’il continuait à mépriser le système de la démocratie, il prit une part importante aux attaques contre l’accusé dans l'affaire Dreyfus et fut un des créateurs, et président d'honneur, de la fameuse Ligue de la patrie française, fondée par Jules Lemaître), seul l'aspect littéraire m'importe.

J'ai récemment pu me procurer une édition récente (et confidentielle, car Coppée est boudé des éditeurs modernes) de son recueil « Promenades et intérieurs ». Pour un lecteur de l'Album zutiste, impossible de ne pas avoir en tête les poèmes parodiques faisant référence à ceux de Coppée ; mais je dois reconnaître que les vers de Coppée sont d'une qualité correcte dans l'ensemble. Certes, on peut rechigner à la lecture de quelques passages mais le tout se laisse lire... En tout cas, le bonhomme sait versifier. Si ça ne suffit pas à passer à la postérité, c'est le minimum exigible. Bien sûr, on est loin (ce n'est que mon avis) de poètes plus audacieux dans l'art d'écrire et surtout des poètes avec des idées, disons, moins conventionnelles. Oui, Coppée a bien ce réflexe petit-bourgeois que lui reprochaient ses détracteurs et cet aspect-là n'est guère satisfaisant. Mais le bonhomme ne mérite pas qu'on jette tout ce qu'il a écrit en bloc. Du bon et du moins bon, en somme – rien que de très courant, finalement !

Voici le commentaire que Coppée fit sur le sonnet « Voyelles » de Rimbaud : Rimbaud, fumiste réussi,
Dans un sonnet que je déplore,
Veut que les lettres O, E, I
Forment le drapeau tricolore.
En vain le décadent pérore,
Il faut sans « mais », ni « car », ni « si »
Un style clair comme l'aurore :
Les vieux Parnassiens sont ainsi.
C'est très discutable mais on peut trouver ça amusant. Il faut dire que Coppée n'était guère épargné par Rimbaud et consorts comme en témoigne le dixain réaliste n°XXVI signé Charles Cros : Dans les douces tiédeurs des chambres d’accouchées
quand à peine, à travers les fenêtres bouchées,
entre un filet de jour, j’aime, humble visiteur,
le bruit de l’eau qu’on verse en un irrigateur,
et les cuvettes à l’odeur de cataplasme.
puis la garde-malade avec son accès d’asthme,
Les couches, où s’étend l’or des déjections,
qui sèchent en fumant devant les clairs tisons,
me rappellent ma mère aux jours de mon enfance ;
et je bénis ma mère, et le ciel, et la France !
« Ma mère, et le ciel, et la France » : bien vu ! Allez, je termine avec un dizain du sieur Coppée lui-même – c'est de lui qu'il s'agit dans cette note après tout ! Le lecteur se fera son opinion. Je rêve, tant Paris m’est parfois un enfer,
D’une ville très calme et sans chemin de fer,
Où, chez le sous-préfet, en vieux garçon affable,
Je lirais, au dessert, mon épître ou ma fable.
On se dirait tout bas, comme un mignon péché,
Un quatrain très mordant que j’aurais décoché.
Là, je conserverais de vagues hypothèques.
On voudrait mon avis pour les bibliothèques ;
Et j’y rétablirais, disciple consolé,
Nos maîtres, Esménard, Lebrun, Chênedollé.
Décidément, la poésie est multiple...