La forteresse
Éléments de prononciation
⧸ diphtongue en 2 syllabes
_(•) liaison | ni liaison ni élision
E E tonique ⇢ rejet ou contre-rejet
_(•) liaison | ni liaison ni élision
E E tonique ⇢ rejet ou contre-rejet

Vers de 12 syllabes
À noter
- silhou⧸ette3 syllabes
I
C'est_(t)une forteresse orgueilleuse et sublime,
Et redoutable avec ses remparts_(z)et ses tours,
Monument qui se dresse à cheval sur les cimes,
Les éperons, les becs, les sommets_(z)alentour ⇢
VeillEnt sur ce château, rocheusEs sentinelles,
Des abîmEs glacés s'enfoncEnt_(t)à ses pieds,
NullE routE bientôt ; qui veut s'approcher d'elle ⇢
Ne sait par où passer : nullE voie, nul sentier.
Qui hantE cet endroit ? Terrible incertitude...
Qui vit là-haut ? Mystère... Un êtrE malveillant ?
Car souvent le mal croît_(t)avec la solitude ⇢
Et l'âmE solitaire endure en tressaillant ⇢
La dérélicti⧸on, l'isolement_(t)extrême,
Abandonnée de tous, ellE souffrE sans bruit,
Cruelle afflicti⧸on, élancement suprême,
ÂmE grise aigre-douce où se logE l'ennui.
Parfois les soirs d'hiver, quand le pesant silence ⇢
S'étend sur le massif où le fort est serti,
Écoutez ce son clair qui résonne en cadence ⇢
Sur un rythmE lascif, mezzo pizzicati...
Quel est ce mouvement troublant la qui⧸étude ⇢
Du noir escarpement aux pics déchiquetés ?
Quel bizarre instrument toque ainsi, multitude ⇢
De mornEs battements sans cessE répétés ?
II
Le Barbare autrefois voulut_(t)avec audace ⇢
S'emparer de ces murs_(z)à la lave agrippés.
Deux fois, dix fois, cent fois_(z)à attaquer la place,
Le métal froid et dur des funestEs épées ⇢
A lui sous le soleil, cent fois l'armée défaite ⇢
Jeta, pauvrEs_(z)efforts, l'échelle et le grappin,
Un éternel sommeil frappa hommEs_(z)et bêtes :
Je parlE de la Mort et tous furEnt_(t)atteints.
Un prince astuci⧸eux, racontE la légende,
Ailé tel un pigeon, prit_(t)un jour son envol.
« C'est par la voie des cieux qu'il convient qu'on se rende ⇢
Chez toi, maudit donjon ! » Ô princE tu es fol !
Alors que tu planais sur la vastE demeure,
UnE flèchE venue du castel – la voici ! –
Surgit. Tu as donné ta vie... Il faut qu'il meure,
Qui croit franchir la nue pour pénétrer ici.
Un farouchE guerrier connu pour sa bravoure ⇢
Disait : « Je fais l'Histoire et l'Histoire obéit.
Je suis l'aventurier, le héros qui savoure ⇢
Le prix de la victoire, et jamais n'ai failli.
Forteresse accomplie, implorE ma clémence ⇢
Et toi, qui l'as bâtie, fussEs-tu roi divin ! »
Puis grand, fier et rempli d'unE colère immense,
À l'assaut il partit. Jamais_(z)il ne revint.
III
Par une aubE d'été quand l'ori⧸ent s'allume ⇢
Au feu vif du matin, un poète en exil ⇢
Allait sans se hâter ; il la vit dans la brume,
PâlE dans le lointain, fantastiquE péril.
« D'unE belle endormie, baroquE silhou⧸ette,
Es-tu donc la prison, que j'aperçois là-haut ?
DitEs-moi, mes amis... — Va ton chemin, poète,
ÉcoutE la raison, garde-toi du chaos. »
Le poètE troublé, rapportE la chronique,
Dit : « Je sais le pouvoir du verbe et je connais ⇢
En sept vers redoublés_(z)une chanson magique ⇢
Tirée d'un vieux grimoire, un antiquE sonnet. »
Vers la bastille, errant, il marcha le soir même ⇢
Et le lendemain, dame, il revenait vivant ⇢
Mais disait_(t)en pleurant un étrangE poème ⇢
Qui parlait d'unE femme, étrange et émouvant.
« PoètE, qu'as-tu fait ? Qui se cachE dans l'ombre ⇢
De cettE forteresse ? UnE femmE, dis-tu...
Est-ellE femme ou fée ? Est-ellE pure ou sombre ?
Esclave ou bien maîtresse en vicEs ?_(z)En vertus ?
Esprit de l'au-delà, stryge, ondinE, sorcière ?
As-tu su l'enchanter, visiteur imprévu ? »
Mais le poètE las comme à l'heurE dernière ⇢
S'en fut sans écouter. On ne l'a pas revu.
IV
Ce poète égaré me ressemblE sans doute,
Qui désira connaître à ses tristEs dépens ⇢
Le tragiquE secret de l'altièrE redoute.
Il eut gagné, peut-être, exigence en suspens,
À fuir. Moi – quel aveu ! – pareillement, madame...
Quand vous êtEs passée, vos yeux, votrE regard ⇢
Ont fait jaillir le feu, vivifi⧸antE flamme,
Sincère et empressée, sincèrE surtout car ⇢
Je vous aimais, madame, aux sentiments rebelle
– ExquisE passi⧸on quand l'amour est vainqueur !
Mais quand l'amour est drame... – Ah, cettE citadelle,
Ce hardi basti⧸on ressemble à votrE cœur :
Il est clos sur le monde et le mondE l'accable,
À quoi bon l'assiéger ? Rien ne peut l'émouvoir,
Nul espoir qu'il réponde et il est_(t)incapable ⇢
De ne rien partager, donner ou recevoir.
Depuis ce temps je prie pour que, doucE prière,
De votrE cœur gisant qui désapprit d'aimer,
L'amant de vous_(z)épris n'entendE plus, misère,
Ces mots : « Allez-vous-en, ne revenez jamais ! »,
Pour que ce cœur navré où gît la méfi⧸ance ⇢
Enfin s'ouvre, assidu, par l'amour ravivé.
J'avais tant_(t)espéré, dérisoire espérance ⇢
Et je vous ai perdue sans vous avoir trouvée.
C'est_(t)une forteresse orgueilleuse et sublime,
Et redoutable avec ses remparts_(z)et ses tours,
Monument qui se dresse à cheval sur les cimes,
Les éperons, les becs, les sommets_(z)alentour ⇢
VeillEnt sur ce château, rocheusEs sentinelles,
Des abîmEs glacés s'enfoncEnt_(t)à ses pieds,
NullE routE bientôt ; qui veut s'approcher d'elle ⇢
Ne sait par où passer : nullE voie, nul sentier.
Qui hantE cet endroit ? Terrible incertitude...
Qui vit là-haut ? Mystère... Un êtrE malveillant ?
Car souvent le mal croît_(t)avec la solitude ⇢
Et l'âmE solitaire endure en tressaillant ⇢
La dérélicti⧸on, l'isolement_(t)extrême,
Abandonnée de tous, ellE souffrE sans bruit,
Cruelle afflicti⧸on, élancement suprême,
ÂmE grise aigre-douce où se logE l'ennui.
Parfois les soirs d'hiver, quand le pesant silence ⇢
S'étend sur le massif où le fort est serti,
Écoutez ce son clair qui résonne en cadence ⇢
Sur un rythmE lascif, mezzo pizzicati...
Quel est ce mouvement troublant la qui⧸étude ⇢
Du noir escarpement aux pics déchiquetés ?
Quel bizarre instrument toque ainsi, multitude ⇢
De mornEs battements sans cessE répétés ?
II
Le Barbare autrefois voulut_(t)avec audace ⇢
S'emparer de ces murs_(z)à la lave agrippés.
Deux fois, dix fois, cent fois_(z)à attaquer la place,
Le métal froid et dur des funestEs épées ⇢
A lui sous le soleil, cent fois l'armée défaite ⇢
Jeta, pauvrEs_(z)efforts, l'échelle et le grappin,
Un éternel sommeil frappa hommEs_(z)et bêtes :
Je parlE de la Mort et tous furEnt_(t)atteints.
Un prince astuci⧸eux, racontE la légende,
Ailé tel un pigeon, prit_(t)un jour son envol.
« C'est par la voie des cieux qu'il convient qu'on se rende ⇢
Chez toi, maudit donjon ! » Ô princE tu es fol !
Alors que tu planais sur la vastE demeure,
UnE flèchE venue du castel – la voici ! –
Surgit. Tu as donné ta vie... Il faut qu'il meure,
Qui croit franchir la nue pour pénétrer ici.
Un farouchE guerrier connu pour sa bravoure ⇢
Disait : « Je fais l'Histoire et l'Histoire obéit.
Je suis l'aventurier, le héros qui savoure ⇢
Le prix de la victoire, et jamais n'ai failli.
Forteresse accomplie, implorE ma clémence ⇢
Et toi, qui l'as bâtie, fussEs-tu roi divin ! »
Puis grand, fier et rempli d'unE colère immense,
À l'assaut il partit. Jamais_(z)il ne revint.
III
Par une aubE d'été quand l'ori⧸ent s'allume ⇢
Au feu vif du matin, un poète en exil ⇢
Allait sans se hâter ; il la vit dans la brume,
PâlE dans le lointain, fantastiquE péril.
« D'unE belle endormie, baroquE silhou⧸ette,
Es-tu donc la prison, que j'aperçois là-haut ?
DitEs-moi, mes amis... — Va ton chemin, poète,
ÉcoutE la raison, garde-toi du chaos. »
Le poètE troublé, rapportE la chronique,
Dit : « Je sais le pouvoir du verbe et je connais ⇢
En sept vers redoublés_(z)une chanson magique ⇢
Tirée d'un vieux grimoire, un antiquE sonnet. »
Vers la bastille, errant, il marcha le soir même ⇢
Et le lendemain, dame, il revenait vivant ⇢
Mais disait_(t)en pleurant un étrangE poème ⇢
Qui parlait d'unE femme, étrange et émouvant.
« PoètE, qu'as-tu fait ? Qui se cachE dans l'ombre ⇢
De cettE forteresse ? UnE femmE, dis-tu...
Est-ellE femme ou fée ? Est-ellE pure ou sombre ?
Esclave ou bien maîtresse en vicEs ?_(z)En vertus ?
Esprit de l'au-delà, stryge, ondinE, sorcière ?
As-tu su l'enchanter, visiteur imprévu ? »
Mais le poètE las comme à l'heurE dernière ⇢
S'en fut sans écouter. On ne l'a pas revu.
IV
Ce poète égaré me ressemblE sans doute,
Qui désira connaître à ses tristEs dépens ⇢
Le tragiquE secret de l'altièrE redoute.
Il eut gagné, peut-être, exigence en suspens,
À fuir. Moi – quel aveu ! – pareillement, madame...
Quand vous êtEs passée, vos yeux, votrE regard ⇢
Ont fait jaillir le feu, vivifi⧸antE flamme,
Sincère et empressée, sincèrE surtout car ⇢
Je vous aimais, madame, aux sentiments rebelle
– ExquisE passi⧸on quand l'amour est vainqueur !
Mais quand l'amour est drame... – Ah, cettE citadelle,
Ce hardi basti⧸on ressemble à votrE cœur :
Il est clos sur le monde et le mondE l'accable,
À quoi bon l'assiéger ? Rien ne peut l'émouvoir,
Nul espoir qu'il réponde et il est_(t)incapable ⇢
De ne rien partager, donner ou recevoir.
Depuis ce temps je prie pour que, doucE prière,
De votrE cœur gisant qui désapprit d'aimer,
L'amant de vous_(z)épris n'entendE plus, misère,
Ces mots : « Allez-vous-en, ne revenez jamais ! »,
Pour que ce cœur navré où gît la méfi⧸ance ⇢
Enfin s'ouvre, assidu, par l'amour ravivé.
J'avais tant_(t)espéré, dérisoire espérance ⇢
Et je vous ai perdue sans vous avoir trouvée.
La légende des « Éléments de prononciation » est accessible via le bouton « Légende » ci-dessous. Consultez-la si besoin pour comprendre la signification des symboles employés.


- Les règles usuelles du français ne font pas l'objet d'éléments de prononciation, seuls les points pouvant poser problème sont signalés.
- En général :
- bien articuler (sans exagérer) pour détacher les syllabes,
- faire entendre les consonnes doubles (ll, mm, etc.) sur les mots qui le justifient,
- lire la poésie « avec son cœur », employer le ton et le rythme que l'on sent être les plus appropriés,
- ne pas hésiter à varier les effets au fil du texte.
- ⁎⧸⁎diphtongue (2 sons voyelles contigus) lue habituellement en 1 syllabe et à lire en 2 syllabes.
-
⁎_(•)⁎liaison susceptible d'être oubliée (avec le son correspondant). À noter :
- les liaisons usuelles ne sont pas repérées (tout le monde est censé les faire).
- certaines liaisons peuvent être faites même si elles ne sont pas repérées ; ainsi celles entre les verbes en ER et la voyelle qui suit.
- ⁎ | ⁎liaison ou élision à ne pas faire.
-
⁎EE final à prononcer (E, Es, Ent), suivi d'une consonne. À noter :
- pour les monosyllabes, le E final n'est pas repéré car il est toujours prononcé.
- les mots composés (avec tirets) sont considérés comme un seul mot.
- ⁎ ⇢rejet (ou contre-rejet). À noter :
- lire les vers concernés en les enchaînant mais...
- ...faire quand même une très brève pause pour ne pas « noyer » la rime.
