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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Définir la poésie

(note publiée le 25 juillet 2015)
« C'est un coup de poing dont on a la vue, un instant, éblouie que votre injonction brusque : "Définissez la poésie." Je balbutie, meurtri :

La Poésie est l'expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l'existence : elle doue ainsi d'authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle.

Au revoir ; mais faites-moi des excuses. »


Stéphane Mallarmé, lettre à Léo d'Orfer, 27 juin 1884, cité par Bernard Delvaille, Mille et cent ans de poésie française, Robert Laffont, Bouquins.

L'histoire est connue, au moins de certains poètes et de quelques lecteurs : Mallarmé a demandé à Léo d'Orfer de lui présenter ses excuses pour l'avoir sollicité afin qu'il donne sa définition de la poésie. Mallarmé n'est pas le premier à tenter l'aventure... Au vrai, chaque poète, je crois, est bien obligé de définir, à un moment ou à un autre, ce qu'il entend par poésie. Bien sûr, cette démarche peut se faire, sinon inconsciemment, au moins intuitivement, je veux dire : sans que cela soit clairement formulé. Parce qu'on peut versifier sans faire de poésie et qu'on peut être poète en prose (même si personnellement je ne me reconnais pas dans cette option-là).

Alors, le Lion ardéchois ? Qu'est-ce que la poésie pour toi ?

Je me suis posé la question et j'y ai répondu de deux manières.

1. Finalement, quelle importance cela peut-il bien avoir ? Du moment que le texte fini plaît à son auteur, faut‑il absolument pouvoir le ranger dans la case Poésie pour le livrer en pâture aux lecteurs ? Puis les lecteurs mettent‑ils la même chose que moi dans cette case ? Je me souviens, lors d'une lecture publique, d'une dame ayant fort peu apprécié tel poème, qui me dit : « Mais ce n'est pas de la poésie, ça ! » Même si j'accepte sans problème (et heureusement) qu'on n'aime pas ce que j'écris, j'avoue avoir été interpellé par la remarque parce que si manifestement cette dame n'aimait pas, surtout elle ne considérait pas mon poème comme... un poème. Libre à elle, mais moi... Avais‑je bien écrit un poème ? Sans nul doute. Alors quoi ? Ou cette personne n'avait pas la même approche poétique que moi, ou elle n'avait pas trouvé dans ce texte ce que j'y avais mis, qui en faisait un poème. Et qu'est‑ce donc ?

2. C'est la légèreté. Je crois, je suis même absolument sûr, que s'il me fallait choisir UN mot pour définir la poésie, ce serait : légèreté. Un poème doit être léger, aérien, peu importe son sujet, peu importe sa longueur, son mètre, son rythme... La légèreté du ton, des mots, des phrases et de tout le reste crée le poème. Deux exemples...

La forteresse est, à ce jour, le poème le plus long que j'ai écrit (12 huitains en alexandrins). Vous pouvez le trouver long : il l'est. Vous pouvez, hélas, le trouver lourd, hélas car je ne l'ai pas voulu ainsi. Mais si c'est votre opinion...

J'ai écrit quelques poèmes que l'on qualifie volontiers d'osés (comme s'il ne fallait pas oser pour écrire !). Et savez‑vous ce qui, dans ce cas, fait la différence entre la grossièreté (que je revendique) et la vulgarité (que j'abhorre) ? La légèreté...

Voilà. J'ai ma propre définition (ou du moins une partie de la définition, si l'envie me prend de la trouver incomplète). Reste le point essentiel, amies lectrices et amis lecteurs : serons‑nous toujours d'accord sur la notion de légèreté ? Ça, c'est une autre histoire...