Aimer et être aimé

I

« Aimer et être aimé, c'est pour ça que l'on vit ».
Ce vers, cœur désarmé, que jadis j'écrivis (1)
Est-il approprié ?

Aimer sans être aimé, n'est-ce pas admirable ?
Faut-il donc s'alarmer pour un cœur désirable
Mais qui se fait prier ?

Si, de l'amour vainqueur pour une qui s'émeut
À l'appel de mon cœur bientôt comblé, je me
Sens au bonheur lié,

L'amour qui rien n'attend, pour attiser ma flamme,
Rendrait mon cœur content même si cette femme
Prétendait m'oublier.

L'amour qui rien n'attend rendra mon cœur content,
Vole, mon cœur, autant qu'hirondelle au printemps,
Par l'amour délié,

Par l'Amour absolu délié des entraves
Qui d'un cœur résolu font un piteux esclave,
Sur l'ego replié.

II

Lors, pour être touché par l'Amour absolu,
Mon cœur hier empêché d'aimer (qu'il lui fallut
Du temps pour s'estimer !)

Aimera sans retour, aimera sans attendre ;
Voilà venu son tour d'aimer – et sans prétendre
À rien d'autre qu'aimer.