Allô ?
(Je me souviens de toi)
« Allô ? » lança la voix – je pensai reconnaître
L'inflexion légère et le ton innocent
De cette voix. Ma foi, cette voix-là, pour n'être
Certes pas étrangère, a d'étranges accents.
« Oui, bonjour, répondis-je. Et la voix cristalline
Reprit : — Bonjour aussi. Te souviens-tu de moi ?
— Par quel fameux prodige... On dirait... C'est... Aline ? »
C'était bien elle, si. Et mon cœur en émoi...
Aline, ô mes amours, Aline, mes poèmes
Par l'amour inspirés, les as-tu même lus ?
Ah, tant de rimes pour juste ces mots : « Je t'aime » !
Aimer, c'est espérer. Si tu avais voulu...
« Je me souviens de toi. Surtout je me rappelle
Nos deux cœurs sans faux-pas battant à l'unisson
Et quand mon cœur pantois comprit enfin, ma belle,
Que tu ne m'aimais pas, salutaire leçon.
Je me souviens de tout et de ce jour funeste
Où tu m'as rejeté – quel changement de ton ! –,
De ce jour du mois d'août où, comme on admoneste
Celui qui a fauté, j'ai reçu le bâton.
— Tu m'en veux donc encor ? m'a demandé Aline.
— Oui et non, ma chérie. Non et merci (juré !)
Pour les jolis accords, les rimes opalines
Et les espiègleries que tu m'as inspirés.
Oui et merci de même, ajoutai-je, voix grave,
Pour m'avoir mis dehors après m'avoir dit : "Viens !",
Pour m'avoir, mine blême, écarté sans ambages,
Pour m'avoir sans remords pris pour un moins que rien.
Mais c'est la vie. Puis quoi ? S'il fallait qu'on explique
Tout ce qui dérapa... Mon dieu, pourquoi ceci,
Pourquoi cela... Pourquoi ce matin tu rappliques ?
Non, ne me le dis pas, c'est beaucoup mieux ainsi. »
Je me tus. Aline, et je devais m'y attendre,
Raccrocha... Se peut-il : le cœur chagrin ? Qui sait ?
Car – l'ai-je imaginé ? – je crus alors entendre
À l'autre bout du fil un sanglot qui passait.
L'inflexion légère et le ton innocent
De cette voix. Ma foi, cette voix-là, pour n'être
Certes pas étrangère, a d'étranges accents.
« Oui, bonjour, répondis-je. Et la voix cristalline
Reprit : — Bonjour aussi. Te souviens-tu de moi ?
— Par quel fameux prodige... On dirait... C'est... Aline ? »
C'était bien elle, si. Et mon cœur en émoi...
Aline, ô mes amours, Aline, mes poèmes
Par l'amour inspirés, les as-tu même lus ?
Ah, tant de rimes pour juste ces mots : « Je t'aime » !
Aimer, c'est espérer. Si tu avais voulu...
« Je me souviens de toi. Surtout je me rappelle
Nos deux cœurs sans faux-pas battant à l'unisson
Et quand mon cœur pantois comprit enfin, ma belle,
Que tu ne m'aimais pas, salutaire leçon.
Je me souviens de tout et de ce jour funeste
Où tu m'as rejeté – quel changement de ton ! –,
De ce jour du mois d'août où, comme on admoneste
Celui qui a fauté, j'ai reçu le bâton.
— Tu m'en veux donc encor ? m'a demandé Aline.
— Oui et non, ma chérie. Non et merci (juré !)
Pour les jolis accords, les rimes opalines
Et les espiègleries que tu m'as inspirés.
Oui et merci de même, ajoutai-je, voix grave,
Pour m'avoir mis dehors après m'avoir dit : "Viens !",
Pour m'avoir, mine blême, écarté sans ambages,
Pour m'avoir sans remords pris pour un moins que rien.
Mais c'est la vie. Puis quoi ? S'il fallait qu'on explique
Tout ce qui dérapa... Mon dieu, pourquoi ceci,
Pourquoi cela... Pourquoi ce matin tu rappliques ?
Non, ne me le dis pas, c'est beaucoup mieux ainsi. »
Je me tus. Aline, et je devais m'y attendre,
Raccrocha... Se peut-il : le cœur chagrin ? Qui sait ?
Car – l'ai-je imaginé ? – je crus alors entendre
À l'autre bout du fil un sanglot qui passait.
Annonay, mardi 22 mai 2018
Note de l'auteur : « Aline, ô mes amours » ... Le lecteur désireux d'en savoir davantage se reportera au vol. 2 des Cahiers des Poésies de mon cœur (Poèmalines).