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POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Aymé

Poème félin autant que féerique sur les premières mesures de : « Bei mir bist du schön » (thème traditionnel yiddish).
C'était un matou,
Un bon gros matou,
Un matou matois qui savait tout,
Un bougre de chat,
Monarque et pacha
Mais prompt aussi bien à l'entrechat,
Qui avait tout connu,
Jadis tombé des nues,
Ex-candide, ex-naïf, ex-ingénu...

Un mardi de mai,
Le maître d'Aymé
(Ainsi le chat était-il nommé)
Lui dit l'air content :
« Vive le printemps !
J'ai trouvé l'amour ; elle a vingt ans.
Éros en s'activant
Fait mouche bien souvent,
Rien ne sera plus jamais comme avant ! »

Aymé répondit :
« Eh bien, quel mardi !
Et quand verra-t-on, don Juan hardi,
Super harangueur,
Ta belle, ô vainqueur
Des filles qui font vibrer le cœur ? »
(Je sais, c'est fantaisie,
Oui mais en poésie,
Les chats savent parler en mots choisis.)

« Aymé, brave ami,
Elle m'a promis
De venir à une heure et demie
Ce mardi de mai.
Et quoi ? Désormais,
Mon cœur bat pour elle à tout jamais.
Mon dieu... J'entends ses pas
Dans l'escalier ! Papa,
Prie pour ton fils, pour qu'il ne faille pas ! »

« Bonjour, Mélodie.
(Vous avais-je dit
Qu'elle se prénommait Mélodie ?)
Bonjour, mon Rémi. »
(Ciel, aurais-je omis
De vous dire son prénom : Rémi ?)
On s'embrasse aussitôt,
Appassionato
Dès lors qu'on s'aime, il n'est jamais trop tôt.

« Un chat ! Le bandit !
Un chat ! Sois maudit !
S'écrie soudainement Mélodie.
Ah ! Mon Rémi, si
Tu gardes ici
Cet animal, je pars, c'est ainsi !
Pas de prêchi-prêcha :
Je déteste les chats !
Que le malin les couvre de crachats ! »

Mon Rémi se tait,
Surpris, dérouté...
Aymé, lui, s'en va sans se hâter.
« Rémi ne saurait,
Même énamouré,
Répudier son chat préféré...
À plus tard mon panier
Et pourquoi le nier ?
Ça changera, de dormir au grenier ! »

Mon Rémi, remis,
Regarde sa mie...
Bien vite on se fait plein de mimis,
On se dit « Chéri(e) »,
On s'enlace, on rit
Puis on fait comme femme et mari.
Comme femme et amant
Serait plus conforme en
Ces moments-là, où l'on y croit vraiment.

Mélodie, pâmée,
S'endort bientôt... Mais
Mon Rémi, lui, songe à son Aymé.
Rémi est épris
Mais pas malappris.
« Faut-il aimer quel qu'en soit le prix ?
Non ! Fi des trémolos,
Même un joli p'tit lot
Ne saurait faire de moi un salaud ! »

Tôt le mercredi,
Rémi qu'enhardit
Son cœur dit alors à Mélodie :
« S'il faut pour t'aimer
Jurer, blasphémer,
Prier, pleurer, supplier : oui. Mais
Nul n'ira raconter :
Rémi a rejeté
Son vieux copain, contre sa volonté ! »

Et Mélodie dut,
Amante éperdue,
Se résigner. Sitôt descendu
De l'étage, Aymé,
Naguère opprimé,
Fut lors roi du logis proclamé.
Depuis tout est parfait,
Un vrai conte de fée
En poésie, c'est possible en effet.

(Aymé pour autant
Se méfie. « J'attends
Demain qu'on fasse un faux pas. » Pourtant
Mélodie souvent,
C'en est émouvant,
Fait de gros efforts ; dorénavant,
Amoureuse obstinée,
Pour mieux le câliner,
Elle appelle son Rémi : « Mon minet ».)
Annonay, mercredi 13 mai 2020
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Bei mir bist du schön

(Version du Willy Schmid Quartett)

Signature (a-af)
Signature (i)
Icône du volume (a-af)
(Cette poésie porte le numéro 2 sur 7)
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