Commérages
Je connais bien des gens à la vertu pas nette
Et pas trop exigeants s'il s'agit d'être honnête
Et ces gens-là – pardon – je les blâme ; en effet,
Ces gens sont ceux-là dont je réprouve les faits.
De quel droit les juger ? Je sais, cela me coûte,
Oui mais eux, d'exiger de tel qui les écoute
Qu'il les croie sur parole, ont-ils aussi le droit ?
Le trompeur sait son rôle et qu'importe l'endroit,
Qu'importe le moment. Tout l'art du commérage,
L'art des gens sans serment, sans foi ni sans courage,
C'est autant qu'il se peut de parler d'inepties
Quand ça contente un peu celui qui parle ainsi.
Les mots voulus blessants des pervers sans scrupules
Visent les innocents ; maints conciliabules
Tenus en aparté sont faits pour accabler
Ceux qui dans la clarté s'avancent sans trembler.
Un ami qui m'est cher, un autre encor, poète,
De certains (que dessert plus qu'ils ne le souhaitent
Ce regard clairvoyant qui bientôt les effraie),
Des propos malveillants pouvaient faire les frais.
Cet ami n'eut qu'un tort : aimer avec tendresse
Mais les esprits retors prestissimo se dressent
– Serait-ce par rancœur, est-ce par jalousie ? –
Souvent contre les cœurs que l'amour a saisis.
Le poète, en chanson quand chantent les poèmes,
Louait la place où sont, cœurs et âmes bohèmes,
Les gens dans la lumière et dans l'amour itou :
La chose est coutumière aux poètes partout.
Mais vous, cœurs de faussaire, odieux oppresseurs
Des gens au cœur sincère, âmes dans la noirceur
Qui jacassez beaucoup, bavant sans désarmer,
Comment donc faites-vous pour reprocher d'aimer ?
Comment peut-on jamais dénoncer ceux qui s'aiment ?
Cet ami, qui aimait celle qui d'elle-même
L'aimait avec ferveur, ces deux cœurs résolus,
Ce poète rêveur que l'amour absolu
Inspirait chaque fois qu'il aimait sans attendre
Et faisait quelque envoi qu'il me plaisait d'entendre,
Je le dis sans détour : ces trois cœurs dévoués,
Quel misérable tour vouliez-vous leur jouer ?
Elles n'ont nul appas, vos pauvres âmes grises,
Vous ne méritez pas même qu'on vous méprise...
Je vous laisse, esprits faux, votre âme hypocrite et
Votre moindre défaut : la médiocrité.
Je connais bien des gens à la vertu pas nette
Et pas trop exigeants s'il s'agit d'être honnête,
Qui désormais de mon univers sont exclus,
Lamentables démons que je ne connais plus.
Et pas trop exigeants s'il s'agit d'être honnête
Et ces gens-là – pardon – je les blâme ; en effet,
Ces gens sont ceux-là dont je réprouve les faits.
De quel droit les juger ? Je sais, cela me coûte,
Oui mais eux, d'exiger de tel qui les écoute
Qu'il les croie sur parole, ont-ils aussi le droit ?
Le trompeur sait son rôle et qu'importe l'endroit,
Qu'importe le moment. Tout l'art du commérage,
L'art des gens sans serment, sans foi ni sans courage,
C'est autant qu'il se peut de parler d'inepties
Quand ça contente un peu celui qui parle ainsi.
Les mots voulus blessants des pervers sans scrupules
Visent les innocents ; maints conciliabules
Tenus en aparté sont faits pour accabler
Ceux qui dans la clarté s'avancent sans trembler.
Un ami qui m'est cher, un autre encor, poète,
De certains (que dessert plus qu'ils ne le souhaitent
Ce regard clairvoyant qui bientôt les effraie),
Des propos malveillants pouvaient faire les frais.
Cet ami n'eut qu'un tort : aimer avec tendresse
Mais les esprits retors prestissimo se dressent
– Serait-ce par rancœur, est-ce par jalousie ? –
Souvent contre les cœurs que l'amour a saisis.
Le poète, en chanson quand chantent les poèmes,
Louait la place où sont, cœurs et âmes bohèmes,
Les gens dans la lumière et dans l'amour itou :
La chose est coutumière aux poètes partout.
Mais vous, cœurs de faussaire, odieux oppresseurs
Des gens au cœur sincère, âmes dans la noirceur
Qui jacassez beaucoup, bavant sans désarmer,
Comment donc faites-vous pour reprocher d'aimer ?
Comment peut-on jamais dénoncer ceux qui s'aiment ?
Cet ami, qui aimait celle qui d'elle-même
L'aimait avec ferveur, ces deux cœurs résolus,
Ce poète rêveur que l'amour absolu
Inspirait chaque fois qu'il aimait sans attendre
Et faisait quelque envoi qu'il me plaisait d'entendre,
Je le dis sans détour : ces trois cœurs dévoués,
Quel misérable tour vouliez-vous leur jouer ?
Elles n'ont nul appas, vos pauvres âmes grises,
Vous ne méritez pas même qu'on vous méprise...
Je vous laisse, esprits faux, votre âme hypocrite et
Votre moindre défaut : la médiocrité.
Je connais bien des gens à la vertu pas nette
Et pas trop exigeants s'il s'agit d'être honnête,
Qui désormais de mon univers sont exclus,
Lamentables démons que je ne connais plus.
Annonay, lundi 6 mars 2023
Note de l'auteur : ce poème ne serait-il pas du genre épique si toutefois il contait quelque épopée ? J'ignore un peu parfois, quand je commence un poème, quelle forme il va prendre et si celui-ci semble exagérément déclamatoire en certains passages, j'en demande pardon au lecteur ; pour moi, la forme est à la mesure du sujet.