Dédé
Sur la photo, gamin, vois ce petit garçon :
C'est moi ; je tiens la main du vieux père Masson.
Ma mère me disait : « Dessous sa tête grise,
C'est mal organisé. Qu'il en fait, des bêtises.
L'autre soir, à ses chiens, il crie : "Mauvaise troupe !
Venez ici ! C'est bien." et il leur sert la soupe
Que la Nini, sa femme, avait fait mijoter.
Je vois d'ici le drame : un potage jeté ! »
Vieil homme brave et doux. Tic, du bout de ta canne,
Tu chassais les cailloux. Devant, voilà Réjane
Et Max, gentil vaurien. Nous avons pris la pose :
« La photo, c'est pas rien, c'est même quelque chose ! »
Dit mon père sans doute en sortant l'appareil...
C'était un beau jour d'août, il faisait grand soleil.
Maintenant, en retrait, au second plan, dit-on
Quand on fait des portraits, vois cet autre miston
Avec l'air décidé et le regard rieur.
C'est mon copain Dédé. Le destin par faveur
(Merci) guida ses pas tout contre le vieux mur.
Alors quand mon papa voulut appuyer sur
Le bouton de la boîte – œil qui nous regardait ! –,
Contre le mur à droite, il y avait Dédé.
Les ans ont succédé aux ans, les jours aux jours,
Mon vieux copain Dédé est parti pour toujours.
Il me reste, venue d'un passé résurgent,
Cette photo ténue, ces quelques grains d'argent.
Il faisait grand beau temps en cet après-midi.
Nous étions des enfants puis nous avons grandi.
C'est moi ; je tiens la main du vieux père Masson.
Ma mère me disait : « Dessous sa tête grise,
C'est mal organisé. Qu'il en fait, des bêtises.
L'autre soir, à ses chiens, il crie : "Mauvaise troupe !
Venez ici ! C'est bien." et il leur sert la soupe
Que la Nini, sa femme, avait fait mijoter.
Je vois d'ici le drame : un potage jeté ! »
Vieil homme brave et doux. Tic, du bout de ta canne,
Tu chassais les cailloux. Devant, voilà Réjane
Et Max, gentil vaurien. Nous avons pris la pose :
« La photo, c'est pas rien, c'est même quelque chose ! »
Dit mon père sans doute en sortant l'appareil...
C'était un beau jour d'août, il faisait grand soleil.
Maintenant, en retrait, au second plan, dit-on
Quand on fait des portraits, vois cet autre miston
Avec l'air décidé et le regard rieur.
C'est mon copain Dédé. Le destin par faveur
(Merci) guida ses pas tout contre le vieux mur.
Alors quand mon papa voulut appuyer sur
Le bouton de la boîte – œil qui nous regardait ! –,
Contre le mur à droite, il y avait Dédé.
Les ans ont succédé aux ans, les jours aux jours,
Mon vieux copain Dédé est parti pour toujours.
Il me reste, venue d'un passé résurgent,
Cette photo ténue, ces quelques grains d'argent.
Il faisait grand beau temps en cet après-midi.
Nous étions des enfants puis nous avons grandi.
Annonay, samedi 10 novembre 2012