De l'amour
Oh, moi, j'avais lancé à la face du monde
Quelques vers en cadeau qui parlaient de l'amour.
Ce fou, cet insensé, s'il faut qu'on lui réponde,
On doit avoir bon dos (et le sens de l'humour).
Car l'amour, je le crois, est une grande farce :
Permettez que j'en rie plutôt que d'en pleurer.
Toi qui portes ta croix, victime d'une garce,
Sache que l'on guérit des peines de cœur et
Oublie-la, ton absente, éprise d'elle-même,
Mets-la dans le linceul des femmes dédaignées,
Dis-toi qu'une méchante est indigne qu'on l'aime :
Mieux vaut être tout seul que mal accompagné.
Le croiras-tu ? Vraiment, où l'archer règne en maître,
C'est-à-dire partout, on ne trouve, l'ami,
Que deux sortes d'amants. Un, tel qui, pour paraître,
Accepte à peu près tout pour séduire sa mie ;
Lorsque l'affaire est faite, il parle mariage,
Si la belle y consent, alors son bien-aimé
N'en fera qu'à sa tête. Il faut pour être sage
Un sentiment puissant. Ça n'arrive jamais.
Aussi parfois – souvent –, c'est madame qui jette
Sa folle passion pour les traits routiniers.
C'est la faute du vent : tourne la girouette,
La compromission ? L'art de se résigner...
Ainsi passe la vie. Mais la morale est sauve,
Les couples se défont d'avoir trop mal vécu.
Il vaut mieux faire envie que pitié et le mauve
Est couleur qui, au fond, vaut le jaune cocu.
Deux, tel qui, cœur voué à rechercher sa dame
Pense trouver un jour celle qui l'aimera.
S'il est bon de jouer pour se distraire l'âme,
Il pense : « Avec amour, c'est fait de scélérat ! »
Cet éperdu, j'en dis, dussé-je te déplaire :
Il est bon qu'il soit fort face au sort qui l'attend,
Bien cruel qui médit sur le cœur solitaire
Qui redouble d'efforts pour croire Éros constant.
Et comme il est sincère, il brandit l'oriflamme
Du grand frisson promis aux parfaits amoureux
Mais pour un qui espère et connaîtra la flamme,
Comptes-en neuf, l'ami, neuf qui sont malheureux.
D'après toi, je noircis le tableau ? Sur la piste
Du cirque de la vie, l'amour : Monsieur Loyal ?
Si tu penses ainsi... Moi, je dis : réaliste,
Voilà ce que je suis, je n'ai plus d'idéal.
Regarde autour de toi, s'il te faut d'autres preuves :
Les déçus de Vénus sont mille et mille et cent.
Qu'il lève un peu le doigt, qui n'a connu l'épreuve
Des cœurs las... Terminus, tout le monde descend !
Que faut-il faire alors ? Faut-il aimer ? Sans doute,
Le bonheur est ailleurs. Si l'on pouvait au moins
Décider de son sort ! J'ai connu la déroute,
Les cris, les mots railleurs, oubliables témoins,
Pourtant si je la vois, éternelle espérance,
Celle qui s'ouvrira à mes sens refermés,
Une nouvelle fois je tenterai ma chance
Et ce qui fut sera, en avant toute ! Mais
Je tenterai ma chance en espérant peu parce
Qu'il n'est que tromperie, l'amour tant espéré
Car l'amour, je le pense, est une grande farce :
Bienheureux qui en rit plutôt que d'en pleurer.
Quelques vers en cadeau qui parlaient de l'amour.
Ce fou, cet insensé, s'il faut qu'on lui réponde,
On doit avoir bon dos (et le sens de l'humour).
Car l'amour, je le crois, est une grande farce :
Permettez que j'en rie plutôt que d'en pleurer.
Toi qui portes ta croix, victime d'une garce,
Sache que l'on guérit des peines de cœur et
Oublie-la, ton absente, éprise d'elle-même,
Mets-la dans le linceul des femmes dédaignées,
Dis-toi qu'une méchante est indigne qu'on l'aime :
Mieux vaut être tout seul que mal accompagné.
Le croiras-tu ? Vraiment, où l'archer règne en maître,
C'est-à-dire partout, on ne trouve, l'ami,
Que deux sortes d'amants. Un, tel qui, pour paraître,
Accepte à peu près tout pour séduire sa mie ;
Lorsque l'affaire est faite, il parle mariage,
Si la belle y consent, alors son bien-aimé
N'en fera qu'à sa tête. Il faut pour être sage
Un sentiment puissant. Ça n'arrive jamais.
Aussi parfois – souvent –, c'est madame qui jette
Sa folle passion pour les traits routiniers.
C'est la faute du vent : tourne la girouette,
La compromission ? L'art de se résigner...
Ainsi passe la vie. Mais la morale est sauve,
Les couples se défont d'avoir trop mal vécu.
Il vaut mieux faire envie que pitié et le mauve
Est couleur qui, au fond, vaut le jaune cocu.
Deux, tel qui, cœur voué à rechercher sa dame
Pense trouver un jour celle qui l'aimera.
S'il est bon de jouer pour se distraire l'âme,
Il pense : « Avec amour, c'est fait de scélérat ! »
Cet éperdu, j'en dis, dussé-je te déplaire :
Il est bon qu'il soit fort face au sort qui l'attend,
Bien cruel qui médit sur le cœur solitaire
Qui redouble d'efforts pour croire Éros constant.
Et comme il est sincère, il brandit l'oriflamme
Du grand frisson promis aux parfaits amoureux
Mais pour un qui espère et connaîtra la flamme,
Comptes-en neuf, l'ami, neuf qui sont malheureux.
D'après toi, je noircis le tableau ? Sur la piste
Du cirque de la vie, l'amour : Monsieur Loyal ?
Si tu penses ainsi... Moi, je dis : réaliste,
Voilà ce que je suis, je n'ai plus d'idéal.
Regarde autour de toi, s'il te faut d'autres preuves :
Les déçus de Vénus sont mille et mille et cent.
Qu'il lève un peu le doigt, qui n'a connu l'épreuve
Des cœurs las... Terminus, tout le monde descend !
Que faut-il faire alors ? Faut-il aimer ? Sans doute,
Le bonheur est ailleurs. Si l'on pouvait au moins
Décider de son sort ! J'ai connu la déroute,
Les cris, les mots railleurs, oubliables témoins,
Pourtant si je la vois, éternelle espérance,
Celle qui s'ouvrira à mes sens refermés,
Une nouvelle fois je tenterai ma chance
Et ce qui fut sera, en avant toute ! Mais
Je tenterai ma chance en espérant peu parce
Qu'il n'est que tromperie, l'amour tant espéré
Car l'amour, je le pense, est une grande farce :
Bienheureux qui en rit plutôt que d'en pleurer.
Annonay, dimanche 20 septembre 2015