Futur (L'esprit sot)
Qui suis-je, homme de peu de foi
Pour me demander quelquefois :
« Que deviendrai-je ? » Hélas, que n'ai-je
L'esprit sot ? L'hiver quand il neige,
Quand le Soleil brille au printemps,
L'été quand la chaleur s'étend,
Quand la feuille meurt en automne,
La vie sans cesse me chantonne
Qu'il vaut mieux avoir l'esprit sot
Que trop avisé. L'arbrisseau
Frissonne-t-il pour ses racines ?
C'est le présent qu'on assassine
À vouloir en mauvaise part
Prendre demain. Le léopard
A-t-il peur de perdre ses taches ?
Mon chat derrière ses moustaches,
Aimable et séduisant vaurien,
Est-il ému, sinon de rien ?
Mon papyrus, Dieu le bénisse,
S'effraie-t-il qu'un jour il jaunisse ?
C'est avoir l'esprit tourmenté
Qu'être par l'avenir hanté...
Le chien de ma belle voisine
Quand elle passe en sa cuisine
N'est-il pas là juste à songer
À l'os qu'il attend de ronger ?
Quant à l'écureuil s'il enterre
Sa pitance, étonnant mystère,
Vite il oublie, dérision,
Où gisent ses provisions.
Ce bouquet de fleurs diaphanes,
Lui importe-t-il qu'il se fane ?
On doit se soumettre au Destin,
Le cœur content chaque matin.
Ça, le poisson qui se dépêche
De nager craint-il qu'on le pêche ?
L'oiseau sur son arbre perché
Passe-t-il ses jours à chercher
Ce que sera sa vie future ?
Ce n'est guère dans sa nature...
Les arbres là-bas alignés
Se soucient-ils de la cognée ?
C'est le présent qu'on désarçonne
À désirer comme personne
Appréhender les lendemains.
L'âne qui va sur le chemin
S'inquiète-t-il de l'orage ?
Le cheval tout plein de courage
S'affole-t-il pour augurer
Qu'il pourrait être timoré ?
Dans la clairière le vieux chêne
Redoute-t-il la nuit prochaine ?
Que sert d'avoir l'esprit brillant
Si c'est pour aller s'effrayant
Des aléas de l'existence ?
L'orvet qui rampe avec constance
Est-il agité parce que
On peut lui marcher sur la queue ?
La tortue sous sa carapace
Compte-t-elle les jours qui passent ?
Et mes plantes d'appartement
Sont-elles troublées un moment
Par la semaine qui rapplique ?
Il n'est que bien peu qu'on explique
Dès qu'il s'agit du Temps qui va ;
Il déchante, qui le brava
Pour essayer, dieu taciturne,
De séduire le vieux Saturne.
Pour me demander quelquefois :
« Que deviendrai-je ? » Hélas, que n'ai-je
L'esprit sot ? L'hiver quand il neige,
Quand le Soleil brille au printemps,
L'été quand la chaleur s'étend,
Quand la feuille meurt en automne,
La vie sans cesse me chantonne
Qu'il vaut mieux avoir l'esprit sot
Que trop avisé. L'arbrisseau
Frissonne-t-il pour ses racines ?
C'est le présent qu'on assassine
À vouloir en mauvaise part
Prendre demain. Le léopard
A-t-il peur de perdre ses taches ?
Mon chat derrière ses moustaches,
Aimable et séduisant vaurien,
Est-il ému, sinon de rien ?
Mon papyrus, Dieu le bénisse,
S'effraie-t-il qu'un jour il jaunisse ?
C'est avoir l'esprit tourmenté
Qu'être par l'avenir hanté...
Le chien de ma belle voisine
Quand elle passe en sa cuisine
N'est-il pas là juste à songer
À l'os qu'il attend de ronger ?
Quant à l'écureuil s'il enterre
Sa pitance, étonnant mystère,
Vite il oublie, dérision,
Où gisent ses provisions.
Ce bouquet de fleurs diaphanes,
Lui importe-t-il qu'il se fane ?
On doit se soumettre au Destin,
Le cœur content chaque matin.
Ça, le poisson qui se dépêche
De nager craint-il qu'on le pêche ?
L'oiseau sur son arbre perché
Passe-t-il ses jours à chercher
Ce que sera sa vie future ?
Ce n'est guère dans sa nature...
Les arbres là-bas alignés
Se soucient-ils de la cognée ?
C'est le présent qu'on désarçonne
À désirer comme personne
Appréhender les lendemains.
L'âne qui va sur le chemin
S'inquiète-t-il de l'orage ?
Le cheval tout plein de courage
S'affole-t-il pour augurer
Qu'il pourrait être timoré ?
Dans la clairière le vieux chêne
Redoute-t-il la nuit prochaine ?
Que sert d'avoir l'esprit brillant
Si c'est pour aller s'effrayant
Des aléas de l'existence ?
L'orvet qui rampe avec constance
Est-il agité parce que
On peut lui marcher sur la queue ?
La tortue sous sa carapace
Compte-t-elle les jours qui passent ?
Et mes plantes d'appartement
Sont-elles troublées un moment
Par la semaine qui rapplique ?
Il n'est que bien peu qu'on explique
Dès qu'il s'agit du Temps qui va ;
Il déchante, qui le brava
Pour essayer, dieu taciturne,
De séduire le vieux Saturne.
Annonay, mardi 29 octobre 2024