Gamins !
Quelquefois je vais de mon pas tranquille
Sans souci du temps, jamais en retard,
Le long des trottoirs de la grande ville
Quand une poussette où loge un moutard
Me barre la route. Ô mœurs inciviles :
« Moi, ce que je dis... » ; la discussion
Avec leurs amis dure et dure encor,
On ne me voit pas, leur attention
Tout entière est prise. « Ah, non, pas d'accord... »
Pressé, moi ? Pressé ? Quelle question !
Ça se passe idem au lieu fait pour vendre.
Dans son véhicule assis, harnaché,
Somnole en bâillant le petit cœur tendre.
Faut savoir attendre au supermarché
Mais là comme ailleurs, c'est toujours attendre.
J'attends donc. Hélas, les parents, histoire
De ne pas devoir céder du terrain
Au pauvre client au sac dérisoire
Me tournent le dos. Dans l'instant, serein,
Je fouille des yeux la poussette. Voire !
Car si le regard du miston charmant
Croise mon regard, je change de tête :
J'ouvre des yeux ronds, démesurément
Puis je vois qu'on bouge dans la poussette :
Stupéfaction, grand étonnement !
Sur la voie publique ou dans une file,
Qu'importe : bientôt les enfants des gens
Aiment voir passer la vie qui défile.
Les gentils mouflets me fixent, songeant
Peut-être : « Que veut ce grand imbécile ? »
Puis ils me sourient – plus que leur maman
Qui s'est retournée vers le malhonnête,
Souvent même ils rient, ils rient franchement :
Je dois être drôle en bête à lunettes
Et ça les amuse. Heureux garnements !
Ça m'amuse aussi. Poupons, poupinettes,
Lorsque je vous croise (un brin envieux),
Continuez à faire des risettes.
Je suis un papa (maintenant bien vieux !),
Vous me rappelez certaine fillette.
Puis vous grandirez – il faut bien grandir ! –,
Vous aurez enfants, hauts comme trois pommes,
Moi je serai mort – il faut bien mourir ! –
Vous souviendrez-vous de ce long bonhomme
Qui vous égayait en vous faisant rire ?
En attendant, moi, de mon pas tranquille,
Je marche toujours, paisible lambin,
Le long des trottoirs de la grande ville
Quand quelque poussette où loge un bambin,
Devinez quoi ? Je vous le donne en mille...
Sans souci du temps, jamais en retard,
Le long des trottoirs de la grande ville
Quand une poussette où loge un moutard
Me barre la route. Ô mœurs inciviles :
« Moi, ce que je dis... » ; la discussion
Avec leurs amis dure et dure encor,
On ne me voit pas, leur attention
Tout entière est prise. « Ah, non, pas d'accord... »
Pressé, moi ? Pressé ? Quelle question !
Ça se passe idem au lieu fait pour vendre.
Dans son véhicule assis, harnaché,
Somnole en bâillant le petit cœur tendre.
Faut savoir attendre au supermarché
Mais là comme ailleurs, c'est toujours attendre.
J'attends donc. Hélas, les parents, histoire
De ne pas devoir céder du terrain
Au pauvre client au sac dérisoire
Me tournent le dos. Dans l'instant, serein,
Je fouille des yeux la poussette. Voire !
Car si le regard du miston charmant
Croise mon regard, je change de tête :
J'ouvre des yeux ronds, démesurément
Puis je vois qu'on bouge dans la poussette :
Stupéfaction, grand étonnement !
Sur la voie publique ou dans une file,
Qu'importe : bientôt les enfants des gens
Aiment voir passer la vie qui défile.
Les gentils mouflets me fixent, songeant
Peut-être : « Que veut ce grand imbécile ? »
Puis ils me sourient – plus que leur maman
Qui s'est retournée vers le malhonnête,
Souvent même ils rient, ils rient franchement :
Je dois être drôle en bête à lunettes
Et ça les amuse. Heureux garnements !
Ça m'amuse aussi. Poupons, poupinettes,
Lorsque je vous croise (un brin envieux),
Continuez à faire des risettes.
Je suis un papa (maintenant bien vieux !),
Vous me rappelez certaine fillette.
Puis vous grandirez – il faut bien grandir ! –,
Vous aurez enfants, hauts comme trois pommes,
Moi je serai mort – il faut bien mourir ! –
Vous souviendrez-vous de ce long bonhomme
Qui vous égayait en vous faisant rire ?
En attendant, moi, de mon pas tranquille,
Je marche toujours, paisible lambin,
Le long des trottoirs de la grande ville
Quand quelque poussette où loge un bambin,
Devinez quoi ? Je vous le donne en mille...
Annonay, samedi 5 mars 2016