Impressions
Il arrive parfois lorsque je vais, marchant
Sur un sentier perdu, qu'au détour d'un virage,
L'œil ébloui, je voie, délicieux, touchant,
Spectacle inattendu, un charmant paysage.
C'est le Rhône dormant, c'est l'Alpe immaculée,
Les Boutières où naît la Loire impérieuse
Ou bien tout simplement le pli de la vallée
Où mes pas m'ont mené, sous un bosquet d'yeuses.
Mêmement il arrive et mes sens étonnés
Un peu plus chaque fois s'en émeuvent, qu'en prime
Une odeur fugitive en appelle à mon nez,
Fragrance d'autrefois, enivrante et sublime.
C'est la terre mouillée qui suit la pluie d'été,
Le bolet satiné sous les feuilles d'automne,
C'est l'air froid dépouillé, par l'hiver invité
Ou les flambants genêts que le printemps nous donne.
Aussi bien advient-il, aussitôt que ma vue
Se réjouit soudain, alors que soudain passe
Un effluve subtil, que j'entende, confus,
Un son faible et lointain qui traverse l'espace.
C'est un chien qui enrage après un vagabond,
Ce sont des cris d'enfants dans la cour d'une école,
Le clocher d'un village, un train de lourds wagons
Ou la chanson du vent quand le vent caracole.
Certe il suffit d'un rien, de nuages tracés
À la craie sur l'azur, célestes oriflammes,
D'un arôme qui vient, surprenant, insensé,
À vous toucher le cœur, à vous embraser l'âme,
Pour que, sensation vague, douce et ténue
Mais puissante pourtant, on sente la présence,
Étrange impression, d'un fantôme venu
De cet ancien temps qu'on appelle l'enfance.
Et ces coins gracieux, ces bouquets parfumés,
Ces échos émouvants, au fond de nous réveillent,
Souvenirs précieux, secrets inexprimés,
Quelque image d'avant à nulle autre pareille.
Voilà pourquoi sans doute il est, au dépourvu,
Du trouble ressenti ravi, joie éphémère,
Celui qui sur la route un moment s'est revu,
Tête blonde blottie là, tout contre sa mère.
Puis cette vision, surgie du temps lointain
Où l'on était enfant, des jours du premier âge
S'efface, illusion, reflet juste incertain,
Pâle, instable, mouvant, chimérique mirage.
Mais on repart content, l'âme rassérénée,
Le cœur bouleversé, prêt à voir reparaître,
L'espace d'un instant, fillette ou garçonnet,
Cette ombre du passé, une autre fois peut-être...
Sur un sentier perdu, qu'au détour d'un virage,
L'œil ébloui, je voie, délicieux, touchant,
Spectacle inattendu, un charmant paysage.
C'est le Rhône dormant, c'est l'Alpe immaculée,
Les Boutières où naît la Loire impérieuse
Ou bien tout simplement le pli de la vallée
Où mes pas m'ont mené, sous un bosquet d'yeuses.
Mêmement il arrive et mes sens étonnés
Un peu plus chaque fois s'en émeuvent, qu'en prime
Une odeur fugitive en appelle à mon nez,
Fragrance d'autrefois, enivrante et sublime.
C'est la terre mouillée qui suit la pluie d'été,
Le bolet satiné sous les feuilles d'automne,
C'est l'air froid dépouillé, par l'hiver invité
Ou les flambants genêts que le printemps nous donne.
Aussi bien advient-il, aussitôt que ma vue
Se réjouit soudain, alors que soudain passe
Un effluve subtil, que j'entende, confus,
Un son faible et lointain qui traverse l'espace.
C'est un chien qui enrage après un vagabond,
Ce sont des cris d'enfants dans la cour d'une école,
Le clocher d'un village, un train de lourds wagons
Ou la chanson du vent quand le vent caracole.
Certe il suffit d'un rien, de nuages tracés
À la craie sur l'azur, célestes oriflammes,
D'un arôme qui vient, surprenant, insensé,
À vous toucher le cœur, à vous embraser l'âme,
Pour que, sensation vague, douce et ténue
Mais puissante pourtant, on sente la présence,
Étrange impression, d'un fantôme venu
De cet ancien temps qu'on appelle l'enfance.
Et ces coins gracieux, ces bouquets parfumés,
Ces échos émouvants, au fond de nous réveillent,
Souvenirs précieux, secrets inexprimés,
Quelque image d'avant à nulle autre pareille.
Voilà pourquoi sans doute il est, au dépourvu,
Du trouble ressenti ravi, joie éphémère,
Celui qui sur la route un moment s'est revu,
Tête blonde blottie là, tout contre sa mère.
Puis cette vision, surgie du temps lointain
Où l'on était enfant, des jours du premier âge
S'efface, illusion, reflet juste incertain,
Pâle, instable, mouvant, chimérique mirage.
Mais on repart content, l'âme rassérénée,
Le cœur bouleversé, prêt à voir reparaître,
L'espace d'un instant, fillette ou garçonnet,
Cette ombre du passé, une autre fois peut-être...
Sur un chemin du nord de l'Ardèche, dimanche 26 février 2017