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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Jean-Sébastien Fouroux

Fouroux (Jean-Sébastien), 1625 – ?, astronome au royaume de Tsanam. Spécialiste de la Lune, « (…) tellement pris de passion pour Artémis que cela n'eût pas été différent s'ils eussent été mariés. » (Chroniques du Royaume de Tsanam, tome XVII, p. 248). Il est appelé à la cour par S.M. Ucco 1er en 1647. L'année suivante, la reine fait ériger son buste dans le parc du château royal afin d'honorer « le professeur émérite qui lui enseigne l'astronomie ». Son histoire se confond avec la légende : il disparaît mystérieusement vers 1650 « sur un rayon de Lune » en emmenant, dit-on, la reine elle-même. On peut encore voir de nos jours le buste de l'astronome dans le parc du palais présidentiel.
Crains, Fouroux, la rigueur juste
De la Lune – et son courroux.
Dans le parc trône le buste
De Jean-Sébastien Fouroux,

Jean-Sébastien, astronome
Auprès de Sa Majesté
– Artémis, comme on la nomme,
En fut un peu irritée.

De Sa Majesté charmante
Mais quand on a pris longtemps
La Lune pour seule amante,
L'âme gaie, le cœur content,

Il vaut mieux pas qu'on s'éprenne
D'une dame d'ici-bas ;
Pour Sa Majesté la reine
Fouroux a le cœur qui bat :

Artémis bientôt se venge.
Du buste de l'ex-époux
Partent des ombres étranges
Qui font peur même aux hiboux,

Qui font peur même aux lémures
Qui hantent les arbres roux
En soufflant dans un murmure :
« C'est Jean-Sébastien Fouroux !

C'est du buste l'ombre horrible !
Pour l'astronome, si fait !
C'est un présage terrible !
Gare, Fouroux ! » En effet,

De l'éther la souveraine
Va trouver le roi qui dort :
« Roi, garde-toi de la reine ! »
Puis poursuit la bouche d'or :

« Vois de mon croissant les cornes !
À moi tu peux te fier,
Tu as les mêmes, qui ornent
Le front des cocufiés ! »

Le roi, qu'Artémis entraîne,
Se dresse sur son séant,
Se dresse et crie : « À la reine ! »
On se lève, on court céans,

On la trouve qui répète
Sa leçon d'astronomie.
Or elle confond, pauvrette,
Astro et anatomie.

« Madame, j'ignore comme
On traite avec Uranie,
Je ne suis pas astronome,
Cependant, quelle avanie !

Pour faire ce qu'il doit faire,
Fouroux certe est érudit
Mais ce ne sont pas ces sphères
Qu'en principe on étudie ! »

Artémis tient sa vengeance :
Le roi sera sans pitié
Contre cette male engeance,
L'astronome – et sa moitié.

« Fouroux recevra salaire,
Vous recevrez votre dû,
Il finira aux galères,
Vous finirez haut pendue ! »

Mais elle n'est pas méchante,
La Lune... Tant d'amoureux
Que ses pâles rais enchantent
L'émeuvent s'ils sont heureux

(Aussi pour être astronome,
La Lune le sait d'ailleurs,
On n'en est pas moins un homme
Pour le pire – et le meilleur) :

Artémis bientôt s'efface.
Du buste de l'ex-époux
Partent des ombres fugaces
Qui ravissent les hiboux,

Qui ravissent les fantômes
Qui hantent les arbres roux
En chantant d'un ton bonhomme :
« C'est Jean-Sébastien Fouroux !

C'est du buste l'ombre, hommage
À l'astronome, si fait !
C'est un bienheureux présage !
Gloire à Fouroux ! » En effet,

La Lune magicienne
Lance un fin rayon, doré
Comme rayon de persienne
Et les amants éplorés

Glissent, le maître et l'élève,
Sur le rayon d'Artémis
Puis le rayon les enlève
Et s'éteint in extremis.

S'envolent-ils pour la Lune,
Les deux amoureux ? Bah, tant
Que nul ne les importune...
Rien d'autre n'est important !

Quant au roi, fier mais morose,
Pour trouver une autre mie,
On dit, singulière chose,
Qu'il apprend l'astronomie.
Annonay, jeudi 23 août 2018
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Jean-Sébastien Fouroux

(lu par l'auteur lors des L.p. du 6 octobre 2022)

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