Vers le haut de page
Vers le bas de page

POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
Lecture difficile ? Lisez ce poème sur WordPress.
Aide (a)Conseils (a)Propos (a)
Actualité du site, infos, etc. Bouton

La cour

*** La cour
La cour de ma grand-mère en 1973 (encre de Chine de l'auteur)
I

La cour dans le passage, ouverte aux quatre vents,
Chez ma grand-mère aux jours lointains de mon enfance
Quand j'étais enfant sage – et je l'étais souvent,
Réconfortant séjour, n'avait pour sa défense
Nulle grille imposée, nul portail rutilant,
Nulle porte de bois donnant sur la ruelle
Et le matou qui boit l'eau dans son écuelle
Serait bien avisé d'être plus vigilant.

La cour les soirs d'été, beaucoup plus qu'à son tour,
Accueillait volontiers les gamins en vadrouille
Et grand-mère guettait chaque fois leur retour.
À l'assaut, flibustiers, du banc de fer qui rouille !
Chevaliers en armure, à l'assaut du château !
Le château, c'est le banc délaissé des corsaires
Quand Vincent le forban, redoutable adversaire,
Grimpe sur le vieux mur où il s'assoit bientôt.

Vincent, Robert, Igor – en tout nous étions dix,
Êtes-vous toujours là, mes braves camarades ?
Vous souvient-il encor de la cour de jadis ?
Le temps défile, hélas, sinistre mascarade
Et les gosses d'alors ont grandi. À présent
Ils ne vont plus jouer dans la cour de grand-mère
Et leur mine enjouée, puérile chimère,
A disparu dès lors sous le masque des ans.

II

Je suis allé naguère, un pâle jour d'automne,
Revoir la cour. Vaillant comme loir en hiver,
Un matou solitaire et que plus rien n'étonne
M'a lorgné en bâillant, assis sur un banc vert,
Un banc tout neuf ; défait, le banc de fer antique,
« Chevaliers en armure, où est votre château ?
Fis-je dans un murmure, où est votre bateau,
Forbans ébouriffés, mes copains authentiques ? »

Qu'importe au demeurant... La cour dans le passage
Renie ses alentours et l'on voit désormais
Sur le vieux mur, en rangs, les piquets d'un grillage
Élevé tout autour d'un portail haut fermé.
Les chenapans gouailleurs qui hantent la ruelle
Passent sans faire cas de la cour défendue
Et le matou bâilleur, de son banc descendu,
Peut boire sans tracas l'eau de son écuelle.
Saint-Martin-de-Valamas, mercredi 22 décembre 2021
Signature (a)
Signature (i)
Icône du volume (a)