La jeune femme au manteau blanc
À la jeune femme, croisée sans l'avoir vue sur la place Rouge à Moscou au mois d'avril 1977.
La jeune femme au manteau blanc,
La foule compacte qui bouge
Et moi, moi qui vole en tremblant
Dans un coin de la Place Rouge,
Moi, à mes risques et périls,
L'œil au viseur, en faisant vite,
Un matin de ce mois d'avril
Un morceau de vie moscovite.
La jeune femme au blanc manteau,
Seule parmi tous me regarde
Et la foule sur la photo
Se presse, la foule hagarde.
L'œil au viseur, le doigt dessus
Le déclencheur, pourquoi ne pas l'
Avouer : j'ai inaperçu (1)
La jeune femme au manteau pâle.
Vous m'observiez mais comment n'ai-je
Rien vu, rien de rien pour le coup,
Jeune femme au manteau de neige
Sur la Place Rouge à Moscou ?
Et la foule qui se déplace
Toujours trotte sans regarder
Le photographe sur la place
Qui déclenche sans s'attarder.
Puis sur la photo que j'ai prise,
Je vous ai vue après longtemps
Qui dévisagiez, moue comprise,
Le photographe en insistant.
Qu'êtes-vous devenue, la belle,
Depuis quarante années bientôt ?
A-t-elle encor cet air rebelle,
La jeune femme au blanc manteau ?
En tous cas il me plut beaucoup
De me faire, hier photographe
De la Place Rouge à Moscou,
En quatre vers le biographe,
Pour un regard jadis troublant,
De la petite Moscovite,
La jeune femme au manteau blanc,
Au souvenir charmante invite.
Mais pourquoi maintenant songer
À la jeune femme qui toise,
Sur l'image à jamais figée
Des passants qui vont et se croisent
(Pour des passants, c'est là, mon dieu,
L'occupation principale),
Le photographe oublieux de
La jeune femme au manteau pâle ?
Se pourrait-il qu'ici, madame,
Chronos qui fugue à sa façon
Joue les entremetteurs ? Nos âmes
Avec nos cœurs à l'unisson
Se souviennent alors, message
Pour vous et moi, incognito
Le photographe de passage,
La jeune femme au blanc manteau.
Et puisqu'aujourd'hui se rassemblent
Par-delà l'espace et le temps
Nos souvenirs, plaignons ensemble,
C'était un matin de printemps,
Le photographe à l'œil candide
Mais distrait, détail accablant,
Qui croisa sans la voir, splendide,
La jeune femme au manteau blanc.
La foule compacte qui bouge
Et moi, moi qui vole en tremblant
Dans un coin de la Place Rouge,
Moi, à mes risques et périls,
L'œil au viseur, en faisant vite,
Un matin de ce mois d'avril
Un morceau de vie moscovite.
La jeune femme au blanc manteau,
Seule parmi tous me regarde
Et la foule sur la photo
Se presse, la foule hagarde.
L'œil au viseur, le doigt dessus
Le déclencheur, pourquoi ne pas l'
Avouer : j'ai inaperçu (1)
La jeune femme au manteau pâle.
Vous m'observiez mais comment n'ai-je
Rien vu, rien de rien pour le coup,
Jeune femme au manteau de neige
Sur la Place Rouge à Moscou ?
Et la foule qui se déplace
Toujours trotte sans regarder
Le photographe sur la place
Qui déclenche sans s'attarder.
Puis sur la photo que j'ai prise,
Je vous ai vue après longtemps
Qui dévisagiez, moue comprise,
Le photographe en insistant.
Qu'êtes-vous devenue, la belle,
Depuis quarante années bientôt ?
A-t-elle encor cet air rebelle,
La jeune femme au blanc manteau ?
En tous cas il me plut beaucoup
De me faire, hier photographe
De la Place Rouge à Moscou,
En quatre vers le biographe,
Pour un regard jadis troublant,
De la petite Moscovite,
La jeune femme au manteau blanc,
Au souvenir charmante invite.
Mais pourquoi maintenant songer
À la jeune femme qui toise,
Sur l'image à jamais figée
Des passants qui vont et se croisent
(Pour des passants, c'est là, mon dieu,
L'occupation principale),
Le photographe oublieux de
La jeune femme au manteau pâle ?
Se pourrait-il qu'ici, madame,
Chronos qui fugue à sa façon
Joue les entremetteurs ? Nos âmes
Avec nos cœurs à l'unisson
Se souviennent alors, message
Pour vous et moi, incognito
Le photographe de passage,
La jeune femme au blanc manteau.
Et puisqu'aujourd'hui se rassemblent
Par-delà l'espace et le temps
Nos souvenirs, plaignons ensemble,
C'était un matin de printemps,
Le photographe à l'œil candide
Mais distrait, détail accablant,
Qui croisa sans la voir, splendide,
La jeune femme au manteau blanc.
Annonay, jeudi 8 avril 2021
(1) Être poète, c'est aussi accoucher de mots nouveaux.
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La jeune femme au manteau blanc
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