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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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L'araignée mélancolique

(...) Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux (...)
Baudelaire, Spleen, Les Fleurs du mal
*** L'araignée mélancolique (a)
*** L'araignée mélancolique (i)
J'ai tout au fond du cœur cachée
Une araignée mélancolique.
Elle n'a rien de diabolique
Et rien de machiavélique
Et nous ne sommes point fâchés.

Cette araignée, brave animal,
Qu'aurait remarquée Baudelaire
Puis envoyée faire lanlaire,
Bête trop peu crépusculaire,
Ne connaît pas les fleurs du mal.

(Là j'ai droit, service compris,
Aux traits autrement sympathiques
Des éreinteurs et des critiques :
« Cette araignée si poétique...
C'est du Baudelaire à bas prix ! »)

C'est égal, c'est une araignée
Et les braves gens font la guerre
Aux araignées qu'ils n'aiment guère,
Martyres à la vie précaire
Qu'ils se plaisent à dédaigner.

Pour moi, l'échotier de mon cœur
De mon temps passé fait sa toile :
Ciels de mes nuits, quelques étoiles,
Ciel de mes jours, Soleil que voile
Un rideau gris ; nulle rancœur,

Juste un peu de mélancolie
Mais sans reproche et sans tristesse...
La voix de l'amour qui chante... Est-ce
Qu'on doit pleurer par politesse
Quand on sait qu'amour est folie ?

Quoi qu'il en soit, mes souvenirs,
Cette araignée mélancolique,
Les ravive, pâles reliques,
À garder, moments idylliques,
Moments pénibles à bannir.

Aussi la dame au noir corset
Dans son réseau parfois sommeille
Puis un soir aux lueurs vermeilles
Du couchant sitôt se réveille
– Ou peut-être un matin, qui sait ?

Du coup, le laps d'une pensée,
Marchant avec obéissance
Quelque avouée réminiscence
Jadis frappée d'obsolescence
De mon cœur trouve à s'élancer.

Mais si je suis fort complaisant
Pour l'araignée mélancolique
Qui de temps à autre rapplique,
Le plus souvent je lui explique
Le bonheur de l'instant présent.

Je ne saurais, brave animal,
Te faire bientôt de la peine...
Or j'aimerais que tu comprennes :
Araignée couleur de l'ébène,
Si se rappeler est normal,

Dans l'implacable sablier
Les jours s'écoulent quoi qu'on fasse.
Souvenirs à la blanche face,
Si rien ne peut qu'on vous efface,
Au moins faites-vous oublier...

Araignée dans mon cœur serrée,
Que ton désir, vieille complice,
Médiocrement s'accomplisse.
Épargne-moi donc le supplice
De retours trop accélérés.

Mais si parfois vient affluer
En mon âme, plaisante hôtesse,
Un peu de nostalgie, transgresse
La consigne et, toute prestesse,
Reviens alors me saluer !
Annonay, dimanche 16 avril 2023
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