VIII – Le Courage

Petite fleur des champs, qu'es-tu sortie de terre,
Petite fleur solitaire ?
N'étais-tu donc pas bien, graine à l'abri de tout,
Enveloppée de partout ?
Au chaud pendant l'hiver, au sec durant l'automne,
Quand là-haut la nue moutonne,
Au frais pendant l'été, somnolente au printemps
Pour vivre longtemps, longtemps...
Pourquoi choisir bientôt les dangers innombrables,
Petite fleur adorable ?
Pourquoi t'es-tu lancée seule vers l'inconnu,
Petite fleur ingénue ?

J'ai rêvé souvent du Soleil doré,
Des nuits étoilées, de la Lune ronde,
Du chant des oiseaux, mi-fa-sol-do-ré
Et de l'eau du ciel quand l'orage gronde.
C'était mon rêve et la graine, sans trêve,
Que j'étais naguère, en rêvait aussi,
J'étais à l'abri mais j'avais un rêve...
Courage, rêveuse ! Et j'ai réussi !

Petite fleur des champs, qui cherchais la lumière,
Petite fleur singulière,
Comme tu l'as trouvée, tu l'as bien méritée,
Pleine d'intrépidité.
Puis nous, pauvres humains, dès que gronde l'orage,
Perdons tout notre courage ;
Or les difficultés sont là, les éviter,
C'est fuir la réalité.
Si songer aux périls qu'il faut que l'on affronte
À l'angoisse te confronte,
Rien ne sert de nier les défis de la vie.
Courage aux cœurs asservis !