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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Les amants de Vincennes

Poème frivole autant qu'immoral sur les premières mesures de : « But Not For Me » (George Gershwin, 1930).
Les gens heureux, dit-on, n'ont pas d'histoire.
Ils en auront demain car, c'est notoire,
Les couples bien rangés
Durent pour mieux changer.
La vie souvent, c'est savoir s'arranger...

On les nommait « Les amants de Vincennes »,
Jamais un mot de trop, jamais de scènes,
Ils s'aimaient tendrement,
Toujours fidèlement :
Une princesse et son prince charmant.

Puis un matin, station République,
Il a croisé la sublime Angélique.
Il fallut un instant
Pour que son cœur constant
Vire de bord, pas même en protestant.

Elle était belle et n'était pas farouche,
Pauvre mari que l'amour effarouche,
Comment il bat, ton cœur,
Quand Éros, l'air moqueur,
L'a transpercé d'un trait plein de vigueur !

Or le Destin, juste pour être drôle,
Joue quelquefois à bousculer les rôles.
Ce jour-là, quel hasard,
Station Vaugirard,
Sa petit' femme a rencontré Gérard.

Il était beau et n'était pas sauvage,
Pauvre ingénue qui aborde au rivage
Des ardeurs prohibées,
Laisse-le s'exhiber,
Ton désir par l'ivresse exacerbé.

Bravo, Destin, c'est une réussite !
Au royaume des amours illicites,
Bienvenue, braves gens.
S'aimer en partageant,
Tel est le sort des esprits obligeants.

Vous qui pensez : « Halte au marivaudage !
Et les liens sacrés du mariage ? »,
Faut-il être borné...
Il n'est pas encor né,
Celui qui sera l'ultime encorné.

Pendant six mois sans relâche ils fautèrent.
Amante, amant, qu'excite l'adultère,
Qu'il est doux, le frisson
Qui parcourt ceux qui sont
Convaincus d'être de gros polissons !

Mais un lundi, se rendant chez leur tante,
Comme ils prenaient le train d'une heure trente,
Coïncidence rare,
Angélique et Gérard
Prirent le même RER pour Guérard. (1)

Angélique et Gérard... Est-ce possible ?
Ils sont femme et mari ! Âmes sensibles,
Passez votre chemin ;
Le Destin, ce gamin,
Sait s'amuser aux dépens des humains !

Que dire pour ne pas perdre la face ?
Bon, puisqu'il faut que les choses se fassent,
On s'est tout avoué
Et le tour est joué
– Sans fâcherie, le ciel en soit loué !

Tout par plaisir et surtout rien par force...
Est-il utile vraiment qu'on divorce ?
Chantons plutôt, grivois,
Un air à quatre voix,
Pas l'air de ceux que le péché dévoie.

La voilà bien, la douteuse morale
Des débauchés, tendance libérale.
Lorsqu'on s'est entichés,
À quoi bon pleurnicher ?
Quatre coucous, une même nichée !

Ainsi firent les amants de Vincennes
Et leurs amis. Compétition saine,
On s'aima hardiment
Et mutuellement :
Deux princesses et leurs princes charmants.

Les gens heureux, dit-on, n'ont pas d'histoire
Mais gare aux sentiments obligatoires !
Les couples bien rangés
Durent pour s'échanger :
Le bonheur c'est savoir se mélanger...
Annonay, samedi 13 juillet 2019
(1) Guérard, nom d'une petite commune de Brie, sur la ligne Paris-La Ferté Gaucher. La tante des amants de Vincennes y habite parce que le nom de cette commune a l'immense avantage de se terminer en -rar.
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But Not For Me

(version de Bobby Morganstein)

Signature (a)
Signature (i)
Icône du volume (a)
(Cette poésie porte le numéro 5 sur 7)