Les Chants de la Matrice
(Chant III)
Sa pensée, pour être unique,
A besoin d'être semée
– Ce qu'on sème va germer.
Mais s'il est bon qu'elle germe,
Que nul n'en change les termes !
Pas d' risque, les citoyens
Souvent n'y comprennent rien.
C'est un effort de comprendre,
Donc il vaut mieux à tout prendre
Cesser d'être méfiant.
Avoir le doute ? Fi ! En
Outre, elle sait, la Matrice,
Fabuleuse castratrice
De toute réflexion,
Clore tous les becs. Si on
Consent à l'obédience,
Si sans rire on se dit : « En ce
Siècle où tout est biscornu,
Tout dogme est le bienvenu ! »
(Car un dogme rassérène
Ceux qui croient, chant des sirènes,
Qu'on veut faire, acte opportun,
Leur bonheur – voir le chant I),
La Matrice alors exulte.
Tout dogme dépend d'un culte
Et si les religions
En ce cas sont légions,
La société civile
N'est pas en reste. Ô lois viles,
Ô croyances asservies,
Dogme du savoir obvie !
Ô croyances assassines,
Dogme de la médecine !
Ô croyances à plein-temps,
Dogme du progrès constant,
Ô captatoires croyances,
Dogme de la bienveillance !
Annonay, vendredi 10 novembre 2023
(Cette poésie porte le numéro 3 sur 9)