Les Chants de la Matrice
(Chant IV)
De ces bougres qui vont jusque
À rugir pour ébruiter
Sa secrète identité.
Car la Matrice déteste
Qu'on parle d'elle ; du reste
La tâche de ces vaillants
Est subtile : en tressaillant,
Ceux qui crient aux complotistes
Les traitent de dogmatistes.
L'hôpital en vérité
Se f... de la charité !
Si la Matrice est prudence,
C'est qu'elle sait l'importance
– Rien doit être hasardeux –
Des serins (voir le chant II),
Des serins, larges crédules
Qui naïvement postulent
En s'expliquant gravement
– « Honte à qui croit qu'on lui ment ! » –
Que la Matrice est chimère
Puisque « Raisonneur primaire,
M'a-t-on dit, bel idiot,
Personne à la radio
N'a causé de ton fantôme,
De ta folie le symptôme
Et personne à la télé
N'a cru séant d'en parler ! »
Sans doute, dirait Érasme,
La folie crée maints fantasmes
Mais les fous, monstres sacrés,
Savent percer les secrets
Et les poètes, pardienne,
Sont plus fous que la moyenne.
La Matrice le sait bien,
Qui s'inquiète, ô combien !
Du poète imprévisible
Qui voit même l'invisible.
Annonay, vendredi 8 décembre 2023
(Cette poésie porte le numéro 4 sur 9)