Les chenilles processionnaires
I
Chenilles processionnaires,
Vous rampez en vous tortillant
Au milieu du chemin de terre.
Je suis poète et bienveillant :
Je ne saurais, tortionnaire,
Écraser le sillon brillant
Que vous tracez, mes débonnaires,
Car je trouve plus attrayant
D'imaginer à ma manière
Pourquoi l'on glisse en s'enliant
De la première à la dernière.
Chenilles, je crois – je suppose –
Que votre vie est à ce prix.
Nature ordonne et vous impose
Chenilles, vous l'avez compris,
De suivre pour la bonne cause,
Tête contre cul (malappris !)
Celle qui vous précède. J'ose
Espérer que celle qui prit
L'ascendant sait où elle pose
Ses pattes et pour vous je prie
Qu'au danger point ne vous expose.
II
Sur son estrade, il s'égosille,
Ce gars-là. Quel type épatant,
Ce bel orateur qui houspille
La foule de mots excitants.
Bien sûr pour prendre la Bastille,
Il faut un chef : bravo ! Pourtant,
Vous êtes comme les chenilles,
Mes braves amis, l'air content
Mais chenilles. Nul ne sourcille,
Obéir, voilà l'important :
Tout le reste n'est que broutille !
Sur son estrade il braille, il braille,
Le beau parleur. Il hurle, il crie
Qu'on soit fin prêt pour la bataille,
Pour le combat. Honte au proscrit !
Mais le poète s'encanaille,
Qui préfère ce qu'il écrit
Aux discours belliqueux. Médailles,
Panache, gloire et fiers conscrits :
Très peu pour lui. Vaille que vaille,
Ses armes sont ses manuscrits,
S'il est seul, tant mieux !
III
Valetaille...
Chenilles processionnaires,
Vous rampez en vous tortillant
Au milieu du chemin de terre.
Je suis poète et bienveillant :
Je ne saurais, tortionnaire,
Écraser le sillon brillant
Que vous tracez, mes débonnaires,
Car je trouve plus attrayant
D'imaginer à ma manière
Pourquoi l'on glisse en s'enliant
De la première à la dernière.
Chenilles, je crois – je suppose –
Que votre vie est à ce prix.
Nature ordonne et vous impose
Chenilles, vous l'avez compris,
De suivre pour la bonne cause,
Tête contre cul (malappris !)
Celle qui vous précède. J'ose
Espérer que celle qui prit
L'ascendant sait où elle pose
Ses pattes et pour vous je prie
Qu'au danger point ne vous expose.
II
Sur son estrade, il s'égosille,
Ce gars-là. Quel type épatant,
Ce bel orateur qui houspille
La foule de mots excitants.
Bien sûr pour prendre la Bastille,
Il faut un chef : bravo ! Pourtant,
Vous êtes comme les chenilles,
Mes braves amis, l'air content
Mais chenilles. Nul ne sourcille,
Obéir, voilà l'important :
Tout le reste n'est que broutille !
Sur son estrade il braille, il braille,
Le beau parleur. Il hurle, il crie
Qu'on soit fin prêt pour la bataille,
Pour le combat. Honte au proscrit !
Mais le poète s'encanaille,
Qui préfère ce qu'il écrit
Aux discours belliqueux. Médailles,
Panache, gloire et fiers conscrits :
Très peu pour lui. Vaille que vaille,
Ses armes sont ses manuscrits,
S'il est seul, tant mieux !
III
Valetaille...
Sur un sentier du nord de l'Ardèche, dimanche 10 avril 2016