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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Les deux verres

C'est un bouchon lyonnais,
Un petit bistrot tranquille.
Un journal abandonné
Gît dans un coin. Sur la ville,
La pluie tombe en rideaux gris.
Le néon brille, livide,
Il y a deux verres vides
Sur le comptoir où j'écris.

Que vas-tu donc imaginer,
Ô poète d'estaminet ?

Souvent les meilleurs amis
De la planète s'égarent,
Or je te l'avais promis :
Si certain jour, dare-dare,
Je revenais à Lyon,
Cher copain des jours de fête,
Nous trinquerions aux poètes
À la prime occasion.

Il a revu son vieux poteau,
Toujours trop tard, jamais trop tôt !

Le quartier est mal famé,
Les braves gens le prétendent :
« Mon dieu, ces mendiants ! » Mais
Parfois dans la main qu'ils tendent,
Apparaît quelque monnaie,
De quoi se payer un verre
Pour oublier la misère
Dans un bouchon lyonnais.

Voilà deux sous pour bien fêter
Ce grand moment. À leur santé !

Les jumeaux – les vrais, s'entend –
Font tout pareil, et le reste :
Chaque mimique à l'instant,
Chaque mot et chaque geste.
L'aîné a bu son godet
(Jumeau mais aîné quand même),
Le cadet a bu deuxième
(Jumeau, quand même cadet).

Ont-ils pris aussi sans façon
Deux équivalentes boissons ?

J'ai rendez-vous avec vous...
Faut-il aimer le cœur sage ?
Par l'amour que je te voue,
Pour cet amour sans partage,
Si tu me disais demain
De vider avec ces verres
Les mers de toute la Terre,
Je le ferais, des deux mains !

Ils sont partis sans rien voler :
Elle n'a pas cru le drôlet !

Les poètes sont ainsi ;
Il suffit qu'ils soient assis
Au comptoir d'un bar, languides,
Où trônent deux verres vides
Pour qu'ils fassent un poème.
Vers sur verres, c'est le thème.
Amis, gueux, jumeaux, amants,
Êtes-vous passés, vraiment ?

Ou les as-tu juste évoqués,
Ô poète de mastroquet ?

C'est un bouchon lyonnais,
Un petit bistrot tranquille.
Un journal abandonné
Gît dans un coin. Sur la ville,
La pluie tombe en rideaux gris.
Le néon brille, livide,
Il y a deux verres vides
Sur le comptoir où j'écris.
Annonay, dimanche 12 octobre 2014
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