Les nains de jardin
I
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit : « Mon pauvre cœur, n'ai-je
Donc vécu que pour te voir écorché ?
J'aurais tant aimé croiser Blanche-Neige... »
Amours de pelouse, amours empêchées !
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit, couché dans l'herbette :
« Parfois on me traite en gros fainéant...
J'ai même entendu : "Comme il a l'air bête !"
Dirait-on pareil si j'étais géant ? »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit : « Mais comment se fait-ce,
Qu'on ait ainsi pu me représenter,
Accroupi, beauseigne, et montrant mes fesses ?
Et les gens sans cesse à me plaisanter ! »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit, poussant sa brouette
Sans jamais bouger : « C'est encombrant car
J'aurais aimé faire des pirouettes
Et je suis contraint par ces deux brancards ! »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit, lampe sur l'épaule
Et pioche à la main : « Ah, c'est d'un vaurien...
Suis utile autant qu'un transat au Pôle
Pour être un mineur qui ne mine rien ! »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit, plaisant monologue :
« Je passe mon temps sur un champignon !
Je vous fais rêver, passants mycologues ?
Ma place est à vous, braves compagnons ! »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
II
Puis moi qui comprends des nains le langage,
Je veux dire ici : « S'ils semblent badins,
Ils sont patients et pleins de courage
Et fort endurants, les nains de jardin ! »
Du coup, défenseur extraordinaire
Des nains de jardin, je propose qu'on
Vous libère enfin, ô pensionnaires
Forcés des gazons, des parcs, des balcons !
Reprenez espoir, tous nains à la ronde,
Vous, nains de village ou nains citadins,
Pensez : « Bientôt libre ! », amis.
Signé : Front d'
Libération des Nains de Jardin.
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit : « Mon pauvre cœur, n'ai-je
Donc vécu que pour te voir écorché ?
J'aurais tant aimé croiser Blanche-Neige... »
Amours de pelouse, amours empêchées !
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit, couché dans l'herbette :
« Parfois on me traite en gros fainéant...
J'ai même entendu : "Comme il a l'air bête !"
Dirait-on pareil si j'étais géant ? »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit : « Mais comment se fait-ce,
Qu'on ait ainsi pu me représenter,
Accroupi, beauseigne, et montrant mes fesses ?
Et les gens sans cesse à me plaisanter ! »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit, poussant sa brouette
Sans jamais bouger : « C'est encombrant car
J'aurais aimé faire des pirouettes
Et je suis contraint par ces deux brancards ! »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit, lampe sur l'épaule
Et pioche à la main : « Ah, c'est d'un vaurien...
Suis utile autant qu'un transat au Pôle
Pour être un mineur qui ne mine rien ! »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
Celui-là se dit, plaisant monologue :
« Je passe mon temps sur un champignon !
Je vous fais rêver, passants mycologues ?
Ma place est à vous, braves compagnons ! »
Mais à quoi, peuchère, ivresse ou dédain,
Peuvent bien penser les nains de jardin ?
II
Puis moi qui comprends des nains le langage,
Je veux dire ici : « S'ils semblent badins,
Ils sont patients et pleins de courage
Et fort endurants, les nains de jardin ! »
Du coup, défenseur extraordinaire
Des nains de jardin, je propose qu'on
Vous libère enfin, ô pensionnaires
Forcés des gazons, des parcs, des balcons !
Reprenez espoir, tous nains à la ronde,
Vous, nains de village ou nains citadins,
Pensez : « Bientôt libre ! », amis.
Signé : Front d'
Libération des Nains de Jardin.
Annonay, samedi 22 avril 2023