Lettre à ma fille
Ma fille, tu es née en un siècle bizarre...
L'Homme ne croit plus guère en Dieu comme à l'esprit,
Je peux lui pardonner pour Dieu mais il s'égare
S'il pense : « Je connais le fin mot de l'histoire,
Celui qui trop espère en paye un jour le prix. »
Ma fille, tu es née en un siècle morose...
Qui voit la vie en noir est-il même vivant ?
Que t'aurai-je donné ? De voir la vie en rose,
Maintes, maintes années, des rêves grandioses,
Des matins pleins d'espoir face au soleil levant.
Ma fille, tu es née en un siècle terrible...
L'Homme n'est que cynisme, il est tout empressé
À se laisser berner par le reflet risible
Qu'aime à lui retourner le miroir impassible
De son propre égoïsme ; il a le cœur glacé.
Ma fille, tu es née en un siècle morose...
Qui vit seul dans son coin est-il encore humain ?
Que t'aurai-je donné ? Le goût des belles choses,
Un penser raffiné, une âme jamais close,
L'envie d'aller plus loin et de tendre la main.
Ma fille, tu es née en un siècle sévère...
L'Homme demeure l'homme ainsi qu'il l'a été,
Peut-être condamné à finir sur la Terre
Ou peut-être amené à revenir, mystère...
Heureux qui vécut comme il l'avait souhaité !
Ma fille, tu es née en un siècle morose...
Qui sait ce qui l'attend est-il plus satisfait ?
Que t'aurai-je donné ? Mon testament en prose,
Quelque menue monnaie, les vers que je compose
Et cet amour constant que rien n'aura défait.
Ma fille, tu es née en un siècle bizarre...
C'est le tien toutefois ; dans la chaîne du temps,
Chaque vie terminée, chaque vie qui démarre,
Moments prédestinés, occupe dans l'Histoire
La place qu'elle doit occuper à l'instant.
Ma fille, tu es née en un siècle morose :
Sache la patience autant que la vigueur.
Que t'aurai-je donné ? Un souffle virtuose,
Un cœur déterminé qui bat et qui s'impose.
Va. Vis ton existence, aime et vis sans rancœur.
L'Homme ne croit plus guère en Dieu comme à l'esprit,
Je peux lui pardonner pour Dieu mais il s'égare
S'il pense : « Je connais le fin mot de l'histoire,
Celui qui trop espère en paye un jour le prix. »
Ma fille, tu es née en un siècle morose...
Qui voit la vie en noir est-il même vivant ?
Que t'aurai-je donné ? De voir la vie en rose,
Maintes, maintes années, des rêves grandioses,
Des matins pleins d'espoir face au soleil levant.
Ma fille, tu es née en un siècle terrible...
L'Homme n'est que cynisme, il est tout empressé
À se laisser berner par le reflet risible
Qu'aime à lui retourner le miroir impassible
De son propre égoïsme ; il a le cœur glacé.
Ma fille, tu es née en un siècle morose...
Qui vit seul dans son coin est-il encore humain ?
Que t'aurai-je donné ? Le goût des belles choses,
Un penser raffiné, une âme jamais close,
L'envie d'aller plus loin et de tendre la main.
Ma fille, tu es née en un siècle sévère...
L'Homme demeure l'homme ainsi qu'il l'a été,
Peut-être condamné à finir sur la Terre
Ou peut-être amené à revenir, mystère...
Heureux qui vécut comme il l'avait souhaité !
Ma fille, tu es née en un siècle morose...
Qui sait ce qui l'attend est-il plus satisfait ?
Que t'aurai-je donné ? Mon testament en prose,
Quelque menue monnaie, les vers que je compose
Et cet amour constant que rien n'aura défait.
Ma fille, tu es née en un siècle bizarre...
C'est le tien toutefois ; dans la chaîne du temps,
Chaque vie terminée, chaque vie qui démarre,
Moments prédestinés, occupe dans l'Histoire
La place qu'elle doit occuper à l'instant.
Ma fille, tu es née en un siècle morose :
Sache la patience autant que la vigueur.
Que t'aurai-je donné ? Un souffle virtuose,
Un cœur déterminé qui bat et qui s'impose.
Va. Vis ton existence, aime et vis sans rancœur.
Davézieux, samedi 31 mai 2014