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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Le vin

Dialogue sous l'œil bienveillant d'un éléphant rose.
*** Le vin
Avec : le buveur Le vin, le vin Le vin et l'éléphant rose Le vin.

Le vin

« Ô joie ! Je brandis sur le col de liège
De ton vieux flacon mon tire-bouchon,
Boisson bienvenue – mais pourquoi donc ai-je
Cette impression que tu es ronchon ?
Et pourquoi l'idée pourtant que tu l'aimes,
Cet outil bizarre en queue de cochon ?
Puis comment savoir ? Ô cruel dilemme !
Bah... Dans tous les cas, avançons ! Tâchons
D'avoir, c'est le moins, l'art et la manière
Pour expulser loin l'entêté bouchon.
Hors d'ici, gêneur ! Grappe prisonnière,
Je te salue ! Viens... Allons, dépêchons !
Gosier altéré – bon, ça, je préfère,
J'ai soif de savoir quel goût est le tien,
S'il en vaut la peine alors j'irai faire
L'éloge partout de son fier maintien !

Le vin
(sa voix sortant du goulot de la bouteille)
— Si c'est pas malheureux... Vingt ans, vingt, que j'espère
Qu'un biberonneur-né viendra me délivrer,
Qu'un buveur vigoureux, de ceux que l'on repère
À leur trogne avinée, rubiconde livrée,
Roi du tire-bouchon, empereur des barriques,
Retirera du cou de ma prison vitrée
Son fieffé capuchon... Ô minute historique !
Ça, tu me plais beaucoup pour t'avoir rencontré !
Ivrogne somnolent ou pochard que l'on raille,
Raconte-moi bientôt tes meilleurs souvenirs,
Que j'entende en coulant le long de tes entrailles
Les hauts faits du rustaud où je m'en vais finir !

Le vin

— Parole de vin est parole sage,
Le vin est devin ; c'est évident car
Tu l'as deviné, le nom du passage
Où tu glisseras, rougeoyant lascar :
Du haut vers le bas, le long des « entrailles »,
Ce sont tes propos, du rustaud du jour.
Lors c'est d'une voix que le trouble éraille
Que je me présente : Ami, le bonjour !
Poète et buveur, buveur et poète,
Amateur de vers, les verres de vin
M'enchantent autant. Saperlipopette,
S'il fallait choisir, élixir divin,
Licher ou prêcher, le litre ou la lyre,
Les crus ou l'écrit, trinquer ou rimer,
Je ne saurais dire à qui mon délire
Doit le plus. Santé, cépage estimé !

Le vin

— Santé, mon brave ami ! Or, tu serais poète ?
Tu l'as dit : après tout, entre verres et vers,
Le paradis promis aux buveurs en goguette,
Aux troubadours itou, de Bacchus à Prévert,
De Silène à Queneau, d'Iacchos à Noailles,
Ils le trouvent, pardi, sur le flanc des coteaux,
Au fin fond des tonneaux, au ventre des futailles,
Sous la voûte arrondie des caves du château
Et sur le parchemin où s'égrènent les stances
Que l'inspiration, qu'apporte le pichet
Que l'on boit en chemin vers les vers en instance,
Leur dicte, fusion de la chambre et du chai.

Le vin

— On récolte, ami, toujours ce qu'on sème :
Oui, nous étions faits pour nous rencontrer !
Tes mots – et les miens, pour preuve qu'on s'aime,
Je vais les coucher, buveur mais lettré,
Sur le calepin que j'acquis naguère
– Quoi de mieux en fait pour bien l'étrenner ?
Sous la plume qui ne me quitte guère,
Des strophes vont naître... Un poème est né !
Comme l'heure échoit, de lever mon verre,
Je me souviendrai, fabuleux nectar,
De toi car tu es de ceux qu'on révère.
Merci de tout cœur ! Buvons ! Il est tard !
Le délicieux instant quand l'on goûte
Au vin parfumé ! Céleste liqueur !
Je ne saurais certe en perdre une goutte,
Encore une fois, merci de tout cœur !

Le vin
(d'une voix de plus en plus faible)
— Ami, sois assuré d'un merci réciproque,
D'avoir apostrophé mon âme embouteillée.
J'aurai inauguré, c'est charmant et baroque
Tel un conte de fée qu'on lit à la veillée,
Un genre poétique amusant et étrange :
La poésie à boire où un docte écrivain
Étonnante pratique, époustouflant échange,
Partage son histoire avec l'esprit du vin.
Mais las ! C'est mon destin, de réchauffer les veines
D'un buveur érudit : le moment du trépas
A sonné... Je m'éteins... Point de paroles vaines,
Nous nous sommes tout dit... Adieu, ne m'oublie pas ! »

Le vin

« Que d'émotion ! Brave pachyderme,
Si je vais, vois-tu, narrer alentour :
J'ai dialogué, au sens vrai du terme,
Avec un bon vin valant le détour,
Nul ne me croira ; aussi bien je compte
Sur toi pour convaincre un peu les copains.
S'il me plaît demain que je leur raconte,
Je t'appellerai, sacré galopin !

Le vin

— Pour sûr ! Gare à vous, sceptiques moroses !
Nous saurons tous deux vous persuader !
Un buveur poète, un éléphant rose
Ne sauraient mentir ! Celui qui a des
Doutes ferait mieux d'ailleurs de nous croire,
Boire et deviser sont à l'unisson
Et gloire au buveur qui, avant de boire,
Converse gaiement avec sa boisson ! »

Tous deux, le buveur et l'éléphant rose, s'éloignent, trompe dessus, bras dessous...
Annonay, dimanche 6 octobre 2019
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Le vin

(lu par l'auteur)

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