Nostalgie de l'infini
Parfois vers la minuit, si Morphée, dieu volage,
Visite (en l'endormant) quelque autre somnolent,
Mon âme que l'ennui incite au bavardage,
Monologue charmant, s'épanche en me parlant.
Elle me dit : « Bâilleur... ! T'en souvient-il, carcasse ?
Néant est mon pays (pour toi, c'est compliqué,
Je sais). D'ici, d'ailleurs, moi j'ignore l'espace,
Euclide aurait failli pour vouloir l'expliquer.
Partout est mon pays sans être de ce monde,
Partout et nulle part. Et quand j'aurai fini
Dedans ton corps vieilli ma course vagabonde,
Je prendrai le départ vers mon cher infini.
Je (avec toi) serai nulle part sans y être,
Les trois dimensions de ce globe terni
N'ont guère d'intérêt pour l'âme. Géomètre,
Tu n'es que fiction dans mon cher infini.
Puis le temps, ce fripon – Ciel, comme le temps passe !
Dis-tu, mort en sursis, pauvre cœur démuni,
Le temps, je t'en réponds, aussi bien que l'espace,
N'est pas pour l'âme, ici, dans mon cher infini.
Les jours, les nuits, les jours, les nuits... Tourne la Terre,
Pour chaque Terrien c'est la monotonie
Du temps, du temps toujours, ennuyeux et austère
Quand moi je n'attends rien que mon cher infini. »
Elle me dit enfin : « Souviens-t'en, ma carcasse,
Le temps n'existe pas ; l'âme ressuscitée
N'a ni début ni fin et ils n'ont pas leur place,
Le deuil ni le trépas dans mon éternité. »
Alors on prend congé – Morphée que je réclame
Passe en catimini pour souffler ma bougie –,
Alors le cœur léger je m'endors... Ô mon âme
Et son cher infini – et tant de nostalgie !
Visite (en l'endormant) quelque autre somnolent,
Mon âme que l'ennui incite au bavardage,
Monologue charmant, s'épanche en me parlant.
Elle me dit : « Bâilleur... ! T'en souvient-il, carcasse ?
Néant est mon pays (pour toi, c'est compliqué,
Je sais). D'ici, d'ailleurs, moi j'ignore l'espace,
Euclide aurait failli pour vouloir l'expliquer.
Partout est mon pays sans être de ce monde,
Partout et nulle part. Et quand j'aurai fini
Dedans ton corps vieilli ma course vagabonde,
Je prendrai le départ vers mon cher infini.
Je (avec toi) serai nulle part sans y être,
Les trois dimensions de ce globe terni
N'ont guère d'intérêt pour l'âme. Géomètre,
Tu n'es que fiction dans mon cher infini.
Puis le temps, ce fripon – Ciel, comme le temps passe !
Dis-tu, mort en sursis, pauvre cœur démuni,
Le temps, je t'en réponds, aussi bien que l'espace,
N'est pas pour l'âme, ici, dans mon cher infini.
Les jours, les nuits, les jours, les nuits... Tourne la Terre,
Pour chaque Terrien c'est la monotonie
Du temps, du temps toujours, ennuyeux et austère
Quand moi je n'attends rien que mon cher infini. »
Elle me dit enfin : « Souviens-t'en, ma carcasse,
Le temps n'existe pas ; l'âme ressuscitée
N'a ni début ni fin et ils n'ont pas leur place,
Le deuil ni le trépas dans mon éternité. »
Alors on prend congé – Morphée que je réclame
Passe en catimini pour souffler ma bougie –,
Alors le cœur léger je m'endors... Ô mon âme
Et son cher infini – et tant de nostalgie !
Annonay, mercredi 28 mars 2018