Papyrus
Sais-tu, pour qu'un poète écrive, qu'il ne peut
Faire l'économie, quoi que cela lui coûte,
De trois extensions : du papier aussitôt,
De l'encre violette et pour séduire un peu,
Cette inspiration que dispense Érato.
Quelque lointain confrère, au temps des pyramides,
Certe a dû te louer, papyrus mon ami,
Compagnon honoraire au pied toujours humide
Des poètes d'antan quand régnait le dieu Râ,
Des poètes voués à chanter les momies
Des pharaons partant en royal apparat.
Brave roseau du Nil, je te salue, l'ancêtre
Du papier de cachet qui recueillit ces vers
Tels ceux-là de l'an mil gravés en toutes lettres
Sur de vieux parchemins avant que d'être mis
Sur des feuilles, couchés sur l'endroit, sur l'envers
– Et tracés à la main, papyrus mon ami.
Tu l'as bien mérité, ce bienveillant hommage
Toi qu'hier on tressa pour mieux versifier.
Voici la vérité : sans toi, mais quel dommage,
Papyrus mon ami, que nous resterait-il ?
L'artiste savait ça, qui sut te confier
Maints poèmes emmi tes entrelacs subtils.
C'est pourquoi je voulais, camarade authentique,
Pour te remercier faire une poésie
Réglée comme un ballet, belle comme l'antique
Et jolie comme un cœur autant qu'il est permis.
Daigne l'apprécier, va, cette fantaisie,
Graine tout en longueur, papyrus mon ami !
Annonay, dimanche 24 octobre 2021