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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Paroles de croyant II
(Merde à Dieu !)

(…)
J’ai vu combien ton nom sanctifiait de crimes ;
Combien, sur tes autels, on frappait de victimes ;
Indigné, j’ai rougi de l’erreur de mes sens ;
J’ai déserté ton temple et repris mon encens.

Sylvain Maréchal, Invocation ou prière à Dieu
L'homme libre penseur sait que pour vivre libre
Il lui faut vivre seul et faire son chemin
À l'écart des censeurs – qu'importe le calibre,
Censeur liberticide. Un esprit est couché
(Comme dans le linceul où nous serons demain)
S'il a besoin d'un guide où il doit seul chercher.

Si le prix à payer pour penser sans entrave
Est toujours élevé pour les moutons bâilleurs
Qui vont sans sourciller, la mine austère et grave,
Derrière le berger qui dirige leurs pas,
Il permet de rêver à un monde meilleur
Où l'on pourrait changer le haut d'avec le bas.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit : les églises
Humilient sans répit les humains circonspects :
« Prosternez-vous ! » Hélas et quoi que l'on en dise,
Les cultes sont tous laids, tristes et odieux,
Les sectes, quel dépit, nous parlent de respect
Mais moi je veux gueuler : « Il suffit ! Merde à Dieu ! »

..............................................

Et quoi ? Rien ne se passe ? Aucune ire divine
Ne me vient foudroyer, aucun éclair fatal ?
Ainsi donc mon audace est impunie... Toi qui n'
Oses lever les yeux vers ton Dieu : nul danger,
Tu vois... On peut crier : « Merde à Dieu ! », c'est égal,
Nulle foudre des cieux ne descend le venger.

(Bon, Dieu, pardonne-moi – bien sûr si tu existes –
De t'avoir insulté ; pour le coup je n'ai point
De rancœur contre toi : ne suis-je pas déiste ?
Comment serais-je alors déicide ? Je peux
Apparaître exalté : or mes mots, haut le poing,
T'ont-ils vraiment fait tort ? Avoue, ça change un peu !)

J'entends d'ici les cris des sinistres prophètes,
Prêcheurs institués – il y a du surplus ! –
Mais comme l'a écrit joliment le poète,
Le moustachu, s'entend, qui nous aura tant plu :
« Je n'ai jamais tué, jamais violé non plus, (1)
Y' a déjà quelque temps que je ne vole plus. » (1)

Tu l'as braillé toi-même, apôtre indéfectible :
Dieu est juste, il est roi de la perfection.
Si le maître suprême est resté insensible
À mes propos tranchants – « Merde à Dieu ! », je l'ai dit ! –
C'est qu'il sait que, ma foi (j'ose l'expression),
Je ne suis pas méchant. Irai-je en Paradis ?

Qu'importe au demeurant. Je ne suis pas sur Terre
Pour vivre dans la crainte en espérant les cieux.
Sache, qui vas errant sous le joug délétère
Des théologiens et de leurs assesseurs,
Que penser sans contrainte est rare et précieux ;
Si font les gens de bien et les libres penseurs.
Annonay, dimanche 14 octobre 2018
(1) Synérèses de Brassens sur violé (vio/lé) et sur Y' a (ia)
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