Place des Cordeliers, un jour de mai
Le jour point, voici la clarté,
Il est tôt, ici-bas on dort,
Un chien passe sans s'arrêter
De l'ombre grise au soleil d'or.
Les jets d'eau doucement s'éveillent,
On croit qu'il pleut : entends l'averse,
Ce passant aussi tend l'oreille,
Chacun le fait quand il traverse.
Quelque commère d'Annonay
Papote : « Moi, comme je dis... »,
Deux touristes déterminés
Sortent de l'hôtel du Midi.
Un garçonnet prudent admire
À distance les jets d'eau claire,
Un pauvre homme râle et soupire,
À quoi pense-t-il donc, misère ?
Des pigeons vont se dandinant
En quête de bouts de gâteaux,
Une vieille, et c'est étonnant,
Boutonne au col son gros manteau.
Les jets d'eau montent et descendent,
Myriades de gouttelettes,
Des garnements, toute une bande,
S'amusent sur leurs bicyclettes.
Une mère pousse, empressée,
Sa poussette, la bien nommée,
Le vieux platane, haut dressé,
Reverdit comme à chaque mai.
De joyeux gamins se hasardent
Entre les jets d'eau qui frémissent,
Sur mon banc de bois je lézarde,
Ô plume, fidèle complice.
À la terrasse des troquets,
Les buveurs sont assis en rond,
Au bout de sa laisse un roquet
Se prend pour un fier beauceron.
Les jets d'eau jaillissent en gerbe,
Sous le pavé sont des baleines,
La grande sœur d'un ton acerbe
Gronde sa sœurette qui traîne.
L'ombre des façades crépies
Envahit l'espace en mi-rond,
Enfants, il faut rentrer. « Tant pis,
Demain, nous nous retrouverons. »
Interrogations en berne,
Les jets d'eau s'accordent la pause,
Les cafés deviennent tavernes,
Nappes blanches, serviettes roses.
On se presse sur le parvis
Du théâtre municipal,
Un badaud pleure l'air ravi ;
L'air ravi, c'est le principal.
Les jets d'eau doucement s'endorment
Pour la nuit. Laissons-les, de grâce,
Il est tard ; une Lune énorme
Éclaire, blafarde, la place.
Le brave platane frémit
Sous la caresse ailée du vent,
Sur les Cordeliers endormis,
Il fait bon flâner en rêvant.
Il est tôt, ici-bas on dort,
Un chien passe sans s'arrêter
De l'ombre grise au soleil d'or.
Les jets d'eau doucement s'éveillent,
On croit qu'il pleut : entends l'averse,
Ce passant aussi tend l'oreille,
Chacun le fait quand il traverse.
Quelque commère d'Annonay
Papote : « Moi, comme je dis... »,
Deux touristes déterminés
Sortent de l'hôtel du Midi.
Un garçonnet prudent admire
À distance les jets d'eau claire,
Un pauvre homme râle et soupire,
À quoi pense-t-il donc, misère ?
Des pigeons vont se dandinant
En quête de bouts de gâteaux,
Une vieille, et c'est étonnant,
Boutonne au col son gros manteau.
Les jets d'eau montent et descendent,
Myriades de gouttelettes,
Des garnements, toute une bande,
S'amusent sur leurs bicyclettes.
Une mère pousse, empressée,
Sa poussette, la bien nommée,
Le vieux platane, haut dressé,
Reverdit comme à chaque mai.
De joyeux gamins se hasardent
Entre les jets d'eau qui frémissent,
Sur mon banc de bois je lézarde,
Ô plume, fidèle complice.
À la terrasse des troquets,
Les buveurs sont assis en rond,
Au bout de sa laisse un roquet
Se prend pour un fier beauceron.
Les jets d'eau jaillissent en gerbe,
Sous le pavé sont des baleines,
La grande sœur d'un ton acerbe
Gronde sa sœurette qui traîne.
L'ombre des façades crépies
Envahit l'espace en mi-rond,
Enfants, il faut rentrer. « Tant pis,
Demain, nous nous retrouverons. »
Interrogations en berne,
Les jets d'eau s'accordent la pause,
Les cafés deviennent tavernes,
Nappes blanches, serviettes roses.
On se presse sur le parvis
Du théâtre municipal,
Un badaud pleure l'air ravi ;
L'air ravi, c'est le principal.
Les jets d'eau doucement s'endorment
Pour la nuit. Laissons-les, de grâce,
Il est tard ; une Lune énorme
Éclaire, blafarde, la place.
Le brave platane frémit
Sous la caresse ailée du vent,
Sur les Cordeliers endormis,
Il fait bon flâner en rêvant.
Annonay, lundi 12 mai 2014