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POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Ponts

Sous ce pont,
Tu vis, mendiant, sans murs ni fenêtres
Mais le vent fripon
Est aussi chez lui sous les ponts. Peut-être
Dans ton col
Se glissera-t-il pour se faire bise...
Un verre d'alcool,
C'est tout réconfort, c'est chaleur promise.

Dis, rimeur,
Dis, « griffonneur-de-rimes-sur-ta-page »,
Le sais-tu, qu'on meurt
Aussi sous les ponts de Paris (dommage) ?
Son tombeau,
Sera-t-il ce morceau de quai sous l'arche
Du pont Mirabeau,
Là où l'on descend par ces quelques marches ?

L'eau qui, blême,
Coule en vagues remous le long des quais,
Serait-ce la même
Qui revient de temps en temps ? Remarquez,
L'eau qui danse
En clapotant sous les ponts de Paris,
Aucune importance,
Qu'elle soit la même ou qu'elle varie.

Dis, poète,
Dis, « gribouilleur-de-vers-sur-ton-carnet »,
Es-tu donc si bête
Pour te demander ça, mon grand benêt !
De la Seine,
L'eau va toujours dans le sens du courant
Et quoi qu'il advienne,
On naît, on vit, on finit en mourant.

Sous les ponts
Comme dans les palais ou les chaumières,
Je vous en réponds,
L'amour est la tracasserie première
Des humains.
Galvaudeux ou roi, oublie l'anathème,
Serre-lui la main,
Ne la laisse pas et dis-lui : « Je t'aime. »

Car l'amour,
Ça va, ça vient, c'est une bagatelle,
Ça fait des détours,
C'est fluctuat, parfois mergitur, telle
La nef vue
Sur les armoiries de la capitale ;
C'est très imprévu,
L'amour... Femme ingénue, femme fatale ?

L'eau qui, grise,
S'enfuit en charmants tourbillonnements
Et l'amour qui grise
Les corps et les cœurs de tous les amants
Se ressemblent.
L'eau va toujours dans le sens du courant
Et le temps rassemble
Les cœurs amoureux en les séparant.

Car l'ivresse
N'est pas vraiment un état permanent.
Dis-toi : « Le temps presse ».
Qu'importe qu'on soit seigneur ou manant,
Heur, déveine,
La vie, c'est la vie, oui, mais la vie va
Comme va la Seine :
Il n'arrive plus ce qui arriva.
Paris, pont Mirabeau, mercredi 18 mai 2016
Petit supplément : Guillaume Apollinaire lit « Le pont Mirabeau ». Enregistrement réalisé entre 1911 et 1914. © INA.

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« Le pont Mirabeau »

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(Cette poésie porte le numéro 3 sur 8)
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