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Je vais dans ce monde où j'ai pris naissance
En cherchant sans trêve un sens au Destin
Et donnerais cher pour la connaissance
Des raisons qui m'ont fait naître un matin.

Pourtant je sais bien que jamais sans doute
Quelqu'un me dira ce que je fais là,
Qu'importe d'ailleurs ; bienheureux qui goûte
Sans inquiétude à la vie qu'il a.

Mais la vie, parbleu, nous met à l'épreuve,
Elle fait souffrir les plus détachés,
Lors est-il fautif, qui cherche les preuves
Qu'il naquit jadis pour être empêché ?

Or cherche pas trop, ami, les mobiles
Qui poussent la vie à t'exaspérer.
L'Univers ordonne ; il est malhabile
De vouloir savoir ; plutôt espérer,

Plutôt cultiver au jardin de l'âme
Des fleurs colorées que de l'herbe drue
– Même si l'herbe a, qui meurt sous la lame,
Son utilité : il n'est point d'intrus

Dans cette existence et chacun en somme
A sa raison d'être et de vivre un peu,
Nous sommes vivants et ce que nous sommes
Suffit dès qu'on marche aussi bien qu'on peut.