S'il suffisait...
Mon amour est si fort qu'il peut lier les âmes
Et j'aimerais tisser aux fils de l'arc-en-ciel
Un lien fait d'amour entre nous deux, madame,
Ce lien, je le sais, serait essentiel.
Et j'aimerais tisser aux fils de l'arc-en-ciel
Un lien fait d'amour entre nous deux, madame,
Ce lien, je le sais, serait essentiel.
Poésies de mon cœur
Mais celui qui hors d'attente / De sa requête obtenir,
Sans espoir de parvenir / De sa peine se contente,
On peut dire sûrement / Qu'il aime fidèlement.
Sans espoir de parvenir / De sa peine se contente,
On peut dire sûrement / Qu'il aime fidèlement.
Joachim Du Bellay, Chanson, Divers Jeux rustiques
Je t'avais envoyé, choisi dans mes poèmes,
Mon amour est si fort pour que ton cœur fermé
À mon cœur dévoyé par celle – toi – que j'aime
Sache qu'il t'aime encor, qui aime à le rimer.
Mon amour, je le sais, je n'ai rien à attendre
De toi qui sans détour m'as écarté, qui m'as
Abandonné. Assez ! Mon pauvre cœur trop tendre,
N'espère aucun retour de celle qui t'aima.
On dit : « Tout est perdu ! » mais l'espoir seul trépasse.
Éros est passé maître en archerie : autant
D'amoureux éperdus qui garderont la trace
D'un amour venu naître un matin de printemps.
Éblouissant mirage, elle n'a qu'à paraître,
L'image de ta bouche ou de tes yeux rieurs ;
Or ce n'est qu'une image, un reflet, juste un traître,
Une pensée farouche, un souvenir railleur.
Puis ces traits redoublés, rejeton d'Aphrodite,
Pourquoi, archer vaurien ? J'aime déjà. Même à
Mon âme ainsi troublée, je dis : « Flamme maudite !
Je n'espère plus rien de celle qui m'aima. »
Mais, amant délaissé, s'il suffisait que rompe
Ma maîtresse déçue, ce trait qui nous liait,
Pour que mon cœur blasé décrète : « Je me trompe,
Je rends le trop perçu et tout est oublié »,
Comme il serait aisé, sur un air de bohème,
De chanter sans remords mon amour périmé.
Las ! Rien ne m'apaise et que celle – toi – que j'aime,
Sache qu'il t'aime encor, qui aime à le rimer.
Mon amour est si fort pour que ton cœur fermé
À mon cœur dévoyé par celle – toi – que j'aime
Sache qu'il t'aime encor, qui aime à le rimer.
Mon amour, je le sais, je n'ai rien à attendre
De toi qui sans détour m'as écarté, qui m'as
Abandonné. Assez ! Mon pauvre cœur trop tendre,
N'espère aucun retour de celle qui t'aima.
On dit : « Tout est perdu ! » mais l'espoir seul trépasse.
Éros est passé maître en archerie : autant
D'amoureux éperdus qui garderont la trace
D'un amour venu naître un matin de printemps.
Éblouissant mirage, elle n'a qu'à paraître,
L'image de ta bouche ou de tes yeux rieurs ;
Or ce n'est qu'une image, un reflet, juste un traître,
Une pensée farouche, un souvenir railleur.
Puis ces traits redoublés, rejeton d'Aphrodite,
Pourquoi, archer vaurien ? J'aime déjà. Même à
Mon âme ainsi troublée, je dis : « Flamme maudite !
Je n'espère plus rien de celle qui m'aima. »
Mais, amant délaissé, s'il suffisait que rompe
Ma maîtresse déçue, ce trait qui nous liait,
Pour que mon cœur blasé décrète : « Je me trompe,
Je rends le trop perçu et tout est oublié »,
Comme il serait aisé, sur un air de bohème,
De chanter sans remords mon amour périmé.
Las ! Rien ne m'apaise et que celle – toi – que j'aime,
Sache qu'il t'aime encor, qui aime à le rimer.
Annonay, mardi 21 juillet 2015