Téléphone
Il la (l'âme) faut ramener et retirer en soi : c'est la vraie solitude, et qui se peut jouir au milieu des villes et des cours des rois ; mais elle se jouit plus commodément à part. [...] La plus grande chose du monde, c'est de savoir être à soi.
Montaigne, Essais, chapitre 39, De la solitude
Des humains la vaste faune
Désormais parle en marchant,
Le monde entier téléphone
À la ville comme aux champs.
Chaque jour de la semaine,
L'homme, prodige étonnant,
Partout où ses pas le mènent
Chemine en téléphonant.
Laure appelle Jacqueline ;
Jacqueline appelle alors
Alain qui répond à Line
Puis Line rappelle Laure.
Moi je vais sans téléphone.
Seule la cloche empressée
Dedans mon oreille sonne,
Du village où j'ai passé.
Malheureux le pauvre aphone !
Mais il réagit bientôt
Et quand on lui téléphone
Il répond par un texto.
Chaque moment de passage,
L'homme envoie, c'est émouvant,
Des millions de messages.
Comment faisait-il avant ?
Liz écrit à Laureline,
Alex, le temps qu'il la lise,
Reçoit un texto d'Aline
Qui reçoit un mot de Liz.
Moi je vais sans téléphone.
Si j'écris, mon dieu, ce n'est
Pas un message – pardonne ! –
Mais des vers, dans mon carnet.
(Tiens, ceux-là, je les griffonne
En ce moment, certes et
Je croise, qui téléphone,
Un monsieur l'air médusé.
Lorsque la raison s'égare...
Il me demande étonné :
« Quel est cet objet bizarre ?
— Cher monsieur, c'est un carnet ! »
Pour le poète qui rôde
En allant avec ses pieds,
Qu'y a-t-il de plus commode
Qu'un stylo et du papier ?
Moi je vais sans téléphone.
Le stylet n'est pas mon lot,
Pour écrire mes canzones :
Du papier et un stylo).
Les hommes, tu les chiffonnes,
Solitude... Écoute-les,
Ces gens qui se téléphonent
Pour se sentir moins seulets.
Chaque instant la multitude
Des humains est connectée,
Bah, tu sauras, solitude,
D'autant mieux les affecter.
Otto appelle Maxime,
Maxime envoie un texto
À Paul qui répond à Tim
Puis Tim écrit à Otto.
Moi je vais sans téléphone,
Qui sais bien me contenter
De moi, la seule personne
Qui ne saurait... me quitter !
Moralité
Qui va sans son téléphone,
C'est qu'il s'est accoutumé
À lui, l'unique personne
Qui ne le quitte... jamais !
Désormais parle en marchant,
Le monde entier téléphone
À la ville comme aux champs.
Chaque jour de la semaine,
L'homme, prodige étonnant,
Partout où ses pas le mènent
Chemine en téléphonant.
Laure appelle Jacqueline ;
Jacqueline appelle alors
Alain qui répond à Line
Puis Line rappelle Laure.
Moi je vais sans téléphone.
Seule la cloche empressée
Dedans mon oreille sonne,
Du village où j'ai passé.
Malheureux le pauvre aphone !
Mais il réagit bientôt
Et quand on lui téléphone
Il répond par un texto.
Chaque moment de passage,
L'homme envoie, c'est émouvant,
Des millions de messages.
Comment faisait-il avant ?
Liz écrit à Laureline,
Alex, le temps qu'il la lise,
Reçoit un texto d'Aline
Qui reçoit un mot de Liz.
Moi je vais sans téléphone.
Si j'écris, mon dieu, ce n'est
Pas un message – pardonne ! –
Mais des vers, dans mon carnet.
(Tiens, ceux-là, je les griffonne
En ce moment, certes et
Je croise, qui téléphone,
Un monsieur l'air médusé.
Lorsque la raison s'égare...
Il me demande étonné :
« Quel est cet objet bizarre ?
— Cher monsieur, c'est un carnet ! »
Pour le poète qui rôde
En allant avec ses pieds,
Qu'y a-t-il de plus commode
Qu'un stylo et du papier ?
Moi je vais sans téléphone.
Le stylet n'est pas mon lot,
Pour écrire mes canzones :
Du papier et un stylo).
Les hommes, tu les chiffonnes,
Solitude... Écoute-les,
Ces gens qui se téléphonent
Pour se sentir moins seulets.
Chaque instant la multitude
Des humains est connectée,
Bah, tu sauras, solitude,
D'autant mieux les affecter.
Otto appelle Maxime,
Maxime envoie un texto
À Paul qui répond à Tim
Puis Tim écrit à Otto.
Moi je vais sans téléphone,
Qui sais bien me contenter
De moi, la seule personne
Qui ne saurait... me quitter !
Moralité
Qui va sans son téléphone,
C'est qu'il s'est accoutumé
À lui, l'unique personne
Qui ne le quitte... jamais !
Annonay, samedi 4 juin 2016