Trains
Les aiguilles marquaient une heure à la pendule
Qui trône vaste et ronde au-dessus du quai A
(A, c'est le nom du quai, en lettre majuscule ;
Les suivants ont pour nom B, C, etc.).
Sous la grande verrière on voyait les moineaux
Qui habitent l'endroit et connaissent par cœur
Chaque train, chaque horaire et chacun des signaux
Dressés le long des voies en cercles de couleur.
Les rails enchevêtrés – les rails toujours par paire –
Tracés sur le ballast composaient un tableau
Digne d'un peintre abstrait dessous la caténaire,
Royaume des mâts, vaste empire des câbleaux.
Fatigue... Je m'assieds sur un banc rose parme,
Une bouteille gît, tombée au champ d'honneur,
Un long ruban d'acier gronde, puissant vacarme
Des wagons à bogies chargés de conteneurs.
J'observe un garçonnet qui découvre, merveille,
Le monde de la gare avec ses grands-parents :
Un livre abandonné, un clochard qui sommeille,
Une loco bizarre, un wagon-restaurant,
Une jolie fillette, une dame essoufflée,
Une voix descendue d'un haut-parleur bavard,
Un bonhomme à casquette équipé d'un sifflet,
Sur une voie perdue, l'ombre d'un tortillard.
Senteurs... C'est le parfum d'une femme qui passe
Près du banc de la gare où je songe et j'attends,
Puis c'est du tabac brun, trois volutes fugaces
Échappées d'un cigare au fumet entêtant.
Austère quakeresse, orpailleur pelle et pic,
Hindou enturbanné, rani au diadème
Dans le Rajah Express ou l'Union Pacific,
Officier galonné à bord du PLM,
Empereur, roi, maîtresse, intrigante, vaurien,
Babouchka en fichu, espionne ottomane
Dans l'Orient Express, le Transsibérien,
Courtisane déchue dans le Flying Scotsman.
Je suis allé hier rêver à ce voyage
Que je ferai peut-être un jour, demain, qui sait ?
Par le chemin de fer. Je n'aurai pour bagage
Qu'un peu d'espoir en tête et un billet glissé
Dans ma poche : Voiture onze, place dix-sept,
Petit matin, bâilleur, six heures moins le quart,
Partir, c'est l'aventure. Où mènera ma quête
Et mon envie d'ailleurs ? Attention au départ... (1)
Qui trône vaste et ronde au-dessus du quai A
(A, c'est le nom du quai, en lettre majuscule ;
Les suivants ont pour nom B, C, etc.).
Sous la grande verrière on voyait les moineaux
Qui habitent l'endroit et connaissent par cœur
Chaque train, chaque horaire et chacun des signaux
Dressés le long des voies en cercles de couleur.
Les rails enchevêtrés – les rails toujours par paire –
Tracés sur le ballast composaient un tableau
Digne d'un peintre abstrait dessous la caténaire,
Royaume des mâts, vaste empire des câbleaux.
Fatigue... Je m'assieds sur un banc rose parme,
Une bouteille gît, tombée au champ d'honneur,
Un long ruban d'acier gronde, puissant vacarme
Des wagons à bogies chargés de conteneurs.
J'observe un garçonnet qui découvre, merveille,
Le monde de la gare avec ses grands-parents :
Un livre abandonné, un clochard qui sommeille,
Une loco bizarre, un wagon-restaurant,
Une jolie fillette, une dame essoufflée,
Une voix descendue d'un haut-parleur bavard,
Un bonhomme à casquette équipé d'un sifflet,
Sur une voie perdue, l'ombre d'un tortillard.
Senteurs... C'est le parfum d'une femme qui passe
Près du banc de la gare où je songe et j'attends,
Puis c'est du tabac brun, trois volutes fugaces
Échappées d'un cigare au fumet entêtant.
Austère quakeresse, orpailleur pelle et pic,
Hindou enturbanné, rani au diadème
Dans le Rajah Express ou l'Union Pacific,
Officier galonné à bord du PLM,
Empereur, roi, maîtresse, intrigante, vaurien,
Babouchka en fichu, espionne ottomane
Dans l'Orient Express, le Transsibérien,
Courtisane déchue dans le Flying Scotsman.
Je suis allé hier rêver à ce voyage
Que je ferai peut-être un jour, demain, qui sait ?
Par le chemin de fer. Je n'aurai pour bagage
Qu'un peu d'espoir en tête et un billet glissé
Dans ma poche : Voiture onze, place dix-sept,
Petit matin, bâilleur, six heures moins le quart,
Partir, c'est l'aventure. Où mènera ma quête
Et mon envie d'ailleurs ? Attention au départ... (1)
Davézieux, mercredi 4 décembre 2013
(1) Synérèse sur Attention (A/ten/sion)