Une plume dans le sentier...

Une plume dans le sentier
Gisait au pied d'un églantier.
Je la ramasse et je l'accroche
À mon chapeau sans anicroche ;
Quel embarras d'ailleurs ici ?
Un chapeau, c'est fait, dieu merci,
Pour la plume qu'on y attache !
De retour, délicate tâche,
Je prends mon canif pour tailler
Le fin calamus... Ça y est,
Tu es opérationnelle
Autant que plume sur une aile,
Plume, mais d'aile il n'y a mais,
Te voilà plume désormais
Mais de celles que le poète
En rédigeant ses odelettes
Tient entre le pouce et l'index
Pour noter dans son vieux codex
Les vers qu'il offre à ceux qui s'aiment,
Ceux qu'il fait, que partout il sème,
Ceux qu'il lance au soleil couchant,
Ceux qu'il fait contre les méchants,
Ceux qu'il lance à la Lune ronde,
Ceux qu'il fait pour changer le monde,
Ceux qu'il offre aux astres itou,
Ceux qu'il fait, qu'il sème partout.
C'est le destin qui mit sans doute
L'orpheline en plein sur ma route
– Pas le moindre petit écart –,
Le destin qui pense à tout car
Oiseau, il fallait que t'arrive
Cette-ci malédiction
Pour qu'avec ta plume j'écrive
Cette ode sans prétention.
C'était un dimanche d'automne
Et sur les feuilles ambre et jaunes
Une plume dans le sentier
Gisait au pied d'un églantier.