Vénus

Je suis Vénusien, Vénus est ma planète,
On a chacun la sienne. Hélas, pour être honnête,
Nombre de Terriens sont nés, modus minus,
Sur Terre. Aérien, moi je viens de Vénus.

Pour autant, croyez pas que j'aie la mine altière.
Gaïa a maints appas ; je sais, la Terre entière
Et chaque Terrien, quel en est tout le prix :
Ce serait d'un vaurien que montrer du mépris.

Le natif de Vénus, réflexe élémentaire
Et précieux bonus pour les gens de la Terre,
Appassionato se plaît à rayonner
Pour qu'il chante bientôt, le bonheur bâillonné.

Car le bonheur souvent devant l'indifférence
Superbe des vivants, le bonheur en errance,
Passe sans pouvoir même avertir les humains :
« Je rends heureux qui m'aime et qui me tend la main ! »

Vénus, planète certe, est aussi la déesse
De l'amour ; qui disserte à propos d'elle – et est-ce
Que tu n'en as jamais pris ta part, mon ami ? –
L'évoque au mois de mai, lorsque tout est permis.

Le natif de Vénus sait toutes les manières
De l'amour : le tonus pour les amours plénières,
La folie en vainqueur pour l'amour dissolu,
La joie du fond du cœur pour l'Amour absolu.

L'amour et le bonheur sans doute vont ensemble,
L'un fait à l'autre honneur, l'un à l'autre ressemble,
Terriens maladroits, qui voulez être heureux,
Accordez-vous ce droit, vous qu'amour rend peureux.

Je connais la teneur de l'extase sans trêve,
L'amour, pour le bonheur dont les Terriens rêvent,
Est le point de départ, la peur le terminus,
Je sais de quoi je parle : eh, je viens de Vénus !