Dialogue
- Quels sont les signes, Univers ? Pourquoi le désir fait-il souffrir ?
- Parce qu’il n’est jamais satisfait.
- Pourtant, je sais que partager des moments avec elle, des moments faits de confiance et d’amour me rendrait heureux et la rendrait heureuse.
- Qu’en sais-tu pour elle ?
- C’est pour ça que je fais appel à toi, Univers... Je ne te demande pas de la changer, je te demande de me dire ce qu’il faudrait faire pour la rendre heureuse.
- Tu dis tout et son contraire. Tu ne veux pas la changer mais tu veux savoir comment la rendre heureuse. Tu veux donc la changer.
- Oui, bon...
- On ne change personne, on prend les gens comme ils sont.
- Mais la vie est changement !
- Bien sûr. Mais elle ne changera pas parce que tu veux la changer, elle changera quand le changement sera sur son chemin de vie.
- Mais... j’y serai bien pour quelque chose ?
- C’est possible. Mais si c’est le cas, tu ne t’en rendras même pas compte.
- Univers, parle-moi de son cœur... Tu sais les sonder, tu les diriges, même. Qu’y a-t-il dans son cœur ?
- Inutile de faire appel à moi pour ça. La réponse est dans ton cœur.
- J’ai ouvert et à l’instant encore j’ouvre mon cœur, mon esprit et mon âme. Et mon cœur, mon esprit et mon âme grand ouverts me parlent d’elle sans arrêt. Pourquoi ?
- C’est l’envie d’elle qui te guide.
- Et alors ? Est-ce coupable d’avoir envie d’elle ? Avoir envie c’est être en vie... Et cette intuition, si forte depuis que nous nous sommes rencontrés, que j’ai besoin d’elle – comme elle a besoin de moi !
- Tu as raison sur ce point : le besoin est toujours réciproque, c’est la règle.
- Mais à quoi sert le besoin si c’est pour ressentir tant d’insatisfaction ?
- C’est l’envie qui te rend insatisfait, pas le besoin.
- Tu ne m’as pas répondu... Est-ce coupable d’avoir envie de partager des moments d’intimité avec elle ? Je suis multiple, Univers, comme toutes tes créatures. Mens et anima sed in corpore...
- C’est toi qui parles de culpabilité. Pour être reconnu coupable, il faut être jugé. Moi, je ne juge personne.
- Mes envies sont donc légitimes.
- Mais pas toujours nécessaires – même si elles le sont parfois. Seuls les besoins sont toujours nécessaires.
- Mon intuition me parle de besoin. Dois-je m’y fier ?
- Le besoin parle le langage de l’âme. La réponse est au fond de ton âme, là où réside ton intuition.
- Mais pourquoi son âme ne se manifeste pas ? Pourquoi rien ne se passe puisque nous avons besoin l’un de l’autre ?
- Que sais-tu de son âme pour prétendre qu’elle ne se manifeste pas ? Puis je ne t’ai pas dit que vous aviez besoin l’un de l’autre...
- Et... peux-tu me le dire ?
- Ce que je t’ai dit, c’est que la réponse est au fond de ton âme. Il est inutile de faire appel à moi pour ça.
- Je suis perdu, Univers... Je ne sais plus... C’est toi qui nous as fait nous rencontrer. Explique-moi pourquoi...
- Tu as encore raison sur ce point : c’est toujours moi qui organise les rencontres.
- Alors si c’est toi qui nous a fait nous rencontrer, explique-moi pourquoi... Tu ne me dis rien !
- Tu es injuste. Nous parlons ensemble depuis un bon moment.
- Mais tu ne réponds pas à mes questions... Cette rencontre me trouble, Univers. Je ne sais plus quoi penser, plus quoi faire...
- Alors ne pense pas et ne fais rien.
- Mais même sans penser et sans rien faire, je suis perdu, Univers. Peut-être davantage qu’en faisant sans savoir.
- C’est parce que tu veux des certitudes. Mais rien n’est figé, la vie est changement, tu l’as dit toi-même tout à l’heure.
- Je veux juste savoir quoi faire et même si la réponse est : ne rien faire, je voudrais le savoir. Si je sais que je suis sur le bon chemin, je le suivrai plus facilement. Tu as les clés de notre rencontre : ouvre-moi la porte qui mène sur le bon chemin.
- Le bon chemin est celui que tu prendras.
- Je cherche celui qui mène vers son cœur, Univers. Je cherche l’alchimie des cœurs, l’Amour absolu. Depuis le début, j’ai l’intuition que nous avons quelque chose à vivre ensemble, quelque chose de splendide...
- Ne le vis-tu pas déjà ?
- Mais il manque l’essentiel : la réciprocité !
- L’Amour absolu n’a que faire de la réciprocité.
- Alors c’est que je ne suis pas fait pour ça – ou pas prêt à ça, Univers !
- Et à quoi es-tu donc prêt ?
- Je suis prêt à l’aimer. Je voudrais la prendre dans mes bras, la serrer tout contre moi sans un mot, en laissant la confiance nous envahir, en goûtant la joie de l’amour partagé, tous masques tombés, toutes façades abolies, elle, juste elle, rien qu’elle, entière, vraie, force et faiblesse, femme aimante et aimée, moi dans les mêmes dispositions, aimer et être aimé, pas peur du bonheur.
- Qui te retient de le faire ?
- L’intuition, encore et toujours. Elle me parle de ce besoin réciproque, elle et moi, mais elle me rappelle aussi qu’il faut du temps pour que la graine qu’on a semée germe et donne la vie.
- Alors laisse ton intuition te guider. Sois patient...
- Je connais la patience, Univers et pour l’amour d’elle, le temps ne compte pas... Juste le fait de savoir qu’elle existe suffit à me rendre heureux, elle resplendit et elle est belle aussi à l’intérieur quand elle travaille un peu pour toi, à s’occuper des âmes en peine...
- Je suis au courant, tu sais...
- Oui, évidemment... Tu sais tout. Bon, je vais repartir, Univers, il se fait tard et j’ai encore du chemin à parcourir...
- Repars donc. Et rappelle-toi que celle dont le chemin longe ton chemin l’empruntera s’il est prévu que vous cheminiez ensemble. Fie-toi à moi, qui régis les rencontres des humains : rien ne se fait par hasard. Mais tu n’as pas besoin de savoir. Retiens juste que si tu chemines tout près d’elle ou bientôt à ses côtés, tu n’es pas là pour la changer, tu n’es pas là pour la faire avancer, tu n’es pas là pour l’aider ni pour la guider. Tu es là parce que tu es là. C’est tout.
- C’est... tout ? Rien d’autre ?
- Juste ceci : quoi qu’il advienne, fais de la joie, de la gratitude et du pardon les règles de ta vie et rappelle-toi que tout est simple. Va maintenant.
- Je te remercie, Univers... C’est ça, la gratitude ?
- Tu apprends vite.
Chatinais puis Bel-Air, dimanche 26 décembre 2021