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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Une anthologie

(note publiée le 26 novembre 2021)
Je possède quelques anthologies de la poésie française. Je sais les bienfaits – et les limites – des anthologies. Leur moindre mérite est de faire connaître sans trop d'efforts les poètes ignorés du lecteur ; c'est peut-être là leur seul mérite, d'ailleurs, mais ce n'est pas rien. On peut toujours leur reprocher de réduire l'œuvre d'un poète méritant à deux ou trois pièces, une dizaine, voire un peu plus pour les ténors du genre, il n'en demeure pas moins qu'un seul poème du poète inconnu peut suffire à le faire apprécier du lecteur et peut l'inciter à partir à la découverte de celui-ci, naguère ignoré.

Si les anthologies ont leurs incontournables, comme on dit, elles ont aussi, hélas, leurs oublié(e)s, j'entends par là : ces poètes (et surtout ces poétesses) quasi systématiquement omis de la liste des ayants-droits de la poésie. Les femmes ont beaucoup souffert de cette détestable habitude et il a fallu Françoise Chandernagor et son anthologie justement intitulée « Quand les femmes parlent d'amour » pour que je découvre Anne de la Motte – ce n'est qu'un exemple, je pourrais en citer d'autres.
Une anthologie
J'aimerais rendre ici un bref hommage à Annie Collognat-Barrès, auteur d'une anthologie titrée « Des troubadours à Apollinaire ». Pourquoi ce coup de chapeau ? Eh bien, figurez-vous que cette dame a produit la seule anthlogie (à ma connaissance) incluant un poète que j'aime par-dessus tout, j'ai nommé : Alphonse Allais (pp. 203, 204 et 205 de l'édition parue chez Pocket).

J'ai une grande admiration pour Allais, auteur prolixe, mystificateur de génie et inventeur de genres poétiques nouveaux – que l'on songe au poème en vers néo-alexandrins, vers qui riment à la première syllabe (« C'est bien leur tour ! » écrivait Allais) et dont le nombre de syllabes importe peu, l'essentiel étant que le poème comporte le nombre de vers prévu... fois douze (!). On l'aura compris, Allais ne se prenait guère au sérieux, ce qui ne l'empêchait pas de versifier sérieusement. Son style n'est jamais négligé et il est capable du meilleur, jamais du pire. Prosateur avant tout, rédacteur en chef de la revue du Chat Noir de Rodolphe Salis, Allais le poète mérite amplement une place dans les anthologies, place qu'il n'a jamais. Une anthologie La raison en est simple et je viens de la dire : Allais ne se prenait pas au sérieux et rien ne dérange autant les auteurs d'anthologies quand ils font partie (c'est souvent le cas) de ces universitaires en mal de copie, aussi les exégètes de service qui ont bien du mal avec cette poésie faite avant tout pour rire, que celles et ceux qui ne se prennent pas au sérieux. Le genre compassé n'était pas celui d'Allais, qu'il en soit remercié. La poésie d'Allais est imperméable à toute forme d'analyse, elle est joie, rire et sourire et la chose contrarie fort les branleurs de cervelle.

J'ai rendu hommage à ma façon à Alphonse Allais ; mes Mini-Fables (1, 2, 3 et 4) sont les filles (cadettes) de ses fables-express, mes deux Maboulites sonomêleuses (1 et 2) s'inspirent de sa « maboulite holorimeuse » pour leur nom et de son goût marqué pour le triturage de mots pour leur contenu et mes Trois courts poèmes sont sous-titrés « Juste histoire de rigoler comme aurait dit Alphonse Allais ». Puis j'ai la faiblesse de croire que nombre de poèmes écrits par l'auteur de ces lignes n'auraient pas déplu au maître, je pense par exemple au Sonnet de mon âne.

Merci donc à Mme Collognat-Barrès. Puisse son anthologie avoir donné envie à de nombreux lecteurs de partir à la découverte de la poésie d'Alphonse Allais – et de sa prose itou, elle vaut aussi le détour.
P. S.: Je dois pour être honnête mentionner dans cette note l'anthologie d'André Velter, « Les poètes du Chat Noir ». Il va de soi qu'Allais y occupe une place de choix mais comment aurait-il pu en être autrement pour celui qui a collaboré pendant plusieurs années à la revue du fameux cabaret qu'il fréquentait assidûment ?