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POÉSIES DE MON CŒUR (i)

Lire les Poésies

Affiche
Image libre de droits. Je ne pense pas que le « salon à part [...] réservé aux Dames » soit une bonne idée...
La lecture des poésies des présents Cahiers ne nécessite pas de compétences trop élevées ; pour autant, il faut savoir que l'écriture poétique « classique contemporaine » relève de la littérature et que, de ce fait, la lecture des Poésies ne suit pas toujours les règles du français courant, non plus que celles de la prose.

1. La lecture à haute voix

La lecture à haute voix n'est plus guère pratiquée. Pourtant, c'est celle qui convient à la poésie classique. Cette lecture obéit à quelques règles, qu'il faut connaître sous peine de déboires.

L'intelligibilité

C'est la première condition. Il faut partir de l'idée que l'auditeur ne possède pas le texte. Le message doit donc être clair : il faut veiller à une prononciation correcte.

La puissance

La voix doit avoir suffisamment de puissance pour être perçue sans difficulté. Bien entendu, ça n'empêche nullement de faire preuve de nuance et de varier la force de la voix. Le bon lecteur saura chuchoter un passage sans chuchoter, il donnera juste l'impression du chuchotement tout en gardant assez de puissance peur être clairement entendu.

2. La lecture de poésies classiques

Elle obéit aux règles de la lecture à haute voix mais possède des caractéristiques propres.

Voici les principaux points qui risquent de poser problème au lecteur attentif au mètre (et qui risque de se trouver face à un vers apparemment faux ou rimant bizarrement), compte tenu des spécificités de l'écriture poétique, aussi de celles que je revendique et qu'on pourrait qualifier de « particularismes locaux ».

Le rythme des vers

La versification classique utilise des vers métrés, c'est-à-dire comprenant un nombre de syllabes défini (par le poète). Il est impératif que le lecteur repère ce ou ces rythmes afin de lire en le(s) respectant. À cet effet, il devra obligatoirement marquer une pause à la fin de chaque vers. Cette pause sera variable, surtout en fonction de la ponctuation :
  1. points et points de suspension (. ! ? ...) : pause longue.
  2. virgule et deux-points (, ; :)  : pause moyenne.
  3. pas de ponctuation : pause brève.
Il est évident que le lecteur adaptera les durées selon son ressenti. Mais dans tous les cas, y compris avec un rejet (vers qui se poursuit au vers suivant sans ponctuation), il lui faudra quand même marquer une courte pause.

Cette nécessité découle de la rime. Mettre en valeur la rime est impératif et une lecture qui enchaînerait deux vers sans pause « noierait » la rime dans le flot de la lecture.

Les diphtongues

Une diphtongue consiste en la succession de deux sons voyelles ; une synérèse est la prononciation en une seule syllabe de ces deux sons voyelles consécutifs ; une diérèse est leur prononciation en deux syllabes. J'ai choisi de respecter les diérèses partout où elles doivent l'être. Hélas, nombre de ces cas ne s'appliquent plus au français parlé courant mais leur usage rythme merveilleusement le vers – d'où ma décision. Pour connaître les règles régissant les diérèses, le lecteur trouvera sur ce site un document intitulé « Lire de la poésie versifiée, métrée et rimée » (accès via la page Téléchargement ou accès direct au livre animé).

Attention : les mots séparés se lisent séparément (sauf l’élision du E final suivi d’une voyelle). Ainsi, « Il y a » se lira : i/li/a (3 syllabes) et non : i/lia (2 syllabes).

Les liaisons

Toutes les liaisons qui doivent être faites le seront. Notez qu'un signe de ponctuation est censé supprimer une liaison, sans pour autant autoriser l'élision. Faut-il rappeler que dans tous les cas, le bon sens est de rigueur ? Si le lecteur trouve une liaison disgracieuse, il lui est loisible de l'éviter mais attention : les liaisons entre un -ES ou un -ENT (prononcés E) et un son voyelle ne peuvent être omises puisque cette omission supprimerait une syllabe au vers ! Pour autant, on peut trouver une liaison de ce type peu agréable ; dans ce cas, le lecteur l'omettra mais sans faire l'élision. Exemple : « Mille astres – et ma Terre » peut être lu : mi/las/trE/zé/ma/terre (avec liaison) ou : mi/las/trE/é/ma/terre (sans liaison) mais pas : mi/las/tré/ma/terre (où l'on a fait l'élision entre « astre » et « et »).

Le E en fin de mot est une des spécificités du français. Il est atone ou semi-tonique, c'est-à-dire non prononcé ou prononcé à demi (si l'on peut dire). Il est atone quand il est suivi d'une voyelle (élision) : « Une amie » (u/na/mi), « Une histoire » (u/nis/toire), « La porte ouverte » (la/por/tou/verte). Il est semi-tonique quand il est suivi d'une consonne : « Une qualité; » (u/nE/ka/li/té), « Une hulotte » (u/nE/u/lote), « La porte fermée » (la/por/tE/fer/mé). Dans ce cas, il se prononce mais légèrement. Il ne faut pas l'omettre sous peine d'enlever une syllabe au vers. Ce E final rend certains mots « à géométrie variable ». Ainsi, dans les exemples ci-avant, « Porte » comprend 1 syllabe quand il est suivi d'une voyelle (la/por/Tou/verte) parce que la syllabe TE est lue avec le mot suivant. « Porte » comprend 2 syllabes quand il est suivi d'une consonne (la/por/TE/fer/mé) parce que la syllabe TE est coupée du mot suivant.

Attention notamment aux petits mots, que le français parlé a tendance à raccourcir en supprimant le E final. Les deux cas les plus typiques sont : « Parce que », à lire : par/cE/ke (3 syllabes) et non : pars/ke (2 syllabes), et le pronom « Elle » suivi d'une consonne. « Elle vient » se lira : è/lE/vient (3 syllabes) et non : el/vient (2 syllabes).

Rappel : il n’y a jamais de liaison entre la fin d’un vers et le début du vers suivant (sauf exceptions dûment signalées).

Le document cité dans la partie ci-dessus traite aussi des liaisons. Merci au lecteur intéressé de s'y reporter.

Les rimes

La prononciation de certains mots en finale de vers (donc à la rime) peut surprendre certains lecteurs. Je suis Ardéchois, donc du sud de la Loire et par ici, il est des distinctions qu'on ne fait guère et je n'ai pas trouvé de raisons de les faire au prétexte d'écrire de la poésie. Du coup, certaines rimes peuvent étonner le lecteur à l'oreille différemment éduquée (en tout cas, habituée). Au demeurant, les divers accents de ce pays ont droit de cité sans restriction et je n'en veux pas aux Parisiens de faire rimer « parfum » avec « certain », moi qui distingue nettement le son « UN » du son « IN ».

Ces « écarts », si l'on peut dire, concernent essentiellement trois sons :
Notez que Léon Warnant, linguiste et auteur du Larousse des rimes, note ces trois cas et précise que la prononciation de ces sons diffère selon les régions, voire selon les individus.

D'autres mots seront peut-être lus différemment de ma propre façon. Je pense à « août », que je prononce « OU-T' », certains locuteurs français lisant « OU ». Je fais confiance au lecteur pour adapter sa lecture aux cas qu'il pourra rencontrer, très rares à mon avis, et pour peu que ces cas concernent la rime, pour corriger sa prononciation si nécessaire.

Divers

J'utilise parfois des règles, sinon personnelles, en tout cas pas comme il se devrait en poésie classique, notamment pour les mots monosyllabiques finissant par un E.

Ainsi, ces mots en fin de vers (à la rime donc) voient leur E élidé en poésie classique. Je considère qu'on n'élide jamais un monosyllabique, sauf si c'est l'usage en français courant, auquel cas l'élision est notée (par l'apostrophe) : « j'ai », « il m'appelle », etc. Quand l'élision est requise, je la marque donc par l'apostrophe : « Souvent, Carla dit qu' / Il est fier tandis qu' ».

Je ne fais jamais l'élision du E avant le mot « Oui ». Exemples : « Un masque ? Oui mais... contre la psychose. » se lit : un/mas/quE/oui /... ; « Oui, je t'aime, oui, je l'avoue » se lit : oui/je/tai/mE/oui/... ; « Pour te dire oui. » se lit : pour/te/dirE/oui.

Quelues exemples...

Voici quelques exemples de prononciations correctes et incorrectes. Lisez les exemples sans regarder la prononciation et voyez si vous avez juste. Mais que l’on soit rassuré, les passages difficiles sont signalés.
(Plusieurs notes de ce site ont pour sujet la lecture poétique. Le lecteur qui le désire pourra s'y reporter. Les notes qui traitent directement de ce sujet sont : Lire l'alexandrin, Petit traité de prononciation, Lire de la poésie, Les liaisons dangereuses. D'autres notes approchent la problématique de la lecture mais indirectement, via l'écriture par exemple. Je laisse au visiteur le soin de se balader parmi les Notes si le cœur lui en dit...).